L’antisémitisme et le pardon
par Colin J. Fleming
À première vue ce chofar n’a rien d’exceptionnel.
Dans son catalogue intitulé Judaica: The Dr. Fred Weinberg and Joy Cherry Weinberg Collection at the Royal Ontario Museum, le conservateur émérite du ROM K. Corey Keeble le décrit comme suit : « Il est modeste et ne porte aucune inscription. » En deux mots, il est semblable à ceux que les Juifs font sonner lors des fêtes de Roch Hachana (Nouvel An du calendrier hébreu) et de Yom Kippour (le jour du Grand Pardon) partout dans le monde depuis des siècles. Une simple corne de bélier qui, selon Keeble, symbolise « le bélier sacrifié à la place d’Isaac ». La sonnerie du chofar est aussi un appel au repentir.
Qui donc a répondu à l’appel ?
La provenance du chofar reste à déterminer. Cela dit, selon le catalogue il aurait été fabriqué au 19e siècle en Europe centrale – une période très éprouvante pour les Juifs. À partir de 1881, « grandes émeutes antijuives (…) balayèrent le sud de l'Ukraine et la Russie (…) à la suite de l'assassinat du tsar Alexandre II. » La majorité des agressions – viols, meurtres et pillages – se déroulaient avec « l’encouragement du gouvernement et de la police ». Ce chofar a-t-il survécu à ces pogroms ? À l’holocauste ? À quoi survivra-t-il encore ?
Au Canada, il est facile de penser que l’antisémitisme est chose du passé. Au contraire, il gagne du terrain. En avril 2022, la Presse canadienne rapportait que « le nombre d’incidents [antisémites] violents a augmenté de plus de 700 %, passant de 9 en 2020 à 75 en 2021 », citant le cas d’un employé de la LCBO qui a été traité de « sale putain de juif ».
Retentissant des entrailles de l’histoire, l’appel de ce chofar nous somme de réagir.
Répondrons-nous à son appel ?