12 juin 2020
À tous les ami.e.s du ROM
Je vous écris en cette époque d’angoisse profonde, de consternation et, au vu des foules qui manifestent à l’échelle mondiale pour exiger le changement, avec le formidable espoir d’un avenir meilleur. Un avenir où le mouvement « La vie des Noir.e.s compte » est une évidence absolue. Nous savons que ce monde n’existe pas aujourd’hui, ni aux États-Unis, mon pays d’origine, ni au Canada, ni en Occident ou ailleurs. Le racisme systémique est ancré dans le tissu social. En tant qu’institution, le ROM condamne sans réserve le racisme sous toutes ses formes. Je me tiens aux côtés de tous ceux et celles qui œuvrent pour une société plus juste et plus équitable.
Cette déclaration ne suffit pas. Les musées doivent évoluer. On ne saurait rester neutre face au racisme et à l’intolérance, et c’est pour cette raison que je vous tends la main, pour exprimer notre douleur et assurer de notre soutien les personnes directement touchées, pour reconnaître notre rôle dans ce système défaillant, et pour engager et soutenir les efforts du personnel et de la haute direction du ROM en vue de faire face à nos responsabilités.
Je tiens à reconnaître la douleur et l’indignation que ressentent bien des personnes, en particulier dans la communauté noire, qui souffrent personnellement de ces disparitions et injustices. Le ROM est à vos côtés. Nous nous engageons à poursuivre notre travail de réflexion, nos pratiques inclusives, l’élimination du racisme et à persévérer dans la réconciliation.
En tant que musée, le ROM a, au cours de ses 106 ans d’existence, parfois renforcé les positions et idées colonialistes qui augmentent encore l’oppression systémique. Assez récemment, en 1989, nous présentions l’exposition Into the Heart of Africa qui véhiculait toujours de dangereux stéréotypes. L’un de mes premiers gestes, en tant que directeur général, a consisté à m’excuser, à titre personnel et au nom du ROM, auprès des communautés noires et afro-canadiennes et à m’engager à agir concrètement. Cet engagement est d’ailleurs au cœur de notre Orientation stratégique.
Nous avons, depuis, pris d’importantes mesures, collaborant avec divers groupes afin de partager leurs perspectives dans le cadre d’expositions, de programmes et de collections. Ces efforts se sont notamment traduits par les expositions récentes Nous sommes ici, d’ici : L’art contemporain des Noirs canadiens, Les Anishinabes : Art et pouvoir et Je suis Canadien d’origine japonaise : réflexions sur un monde déchiré. Nous avons également poursuivi notre projet collaboratif De l’Afrique et nos programmes avec les Autochtones en menant des partenariats plus vastes, notamment dans le domaine éducatif. C’est un bon début qui demande à être développé. Le moment est venu de réfléchir à qui nous sommes et qui nous aimerions être tout en continuant à œuvrer en faveur de changements durables.
Parallèlement aux efforts que nous déployons vers l’extérieur, nous devons aussi nous employer à mieux refléter, à l’interne, la diversité du Grand Toronto : personnel, bénévoles, haute direction et comités. Une démarche holistique s’impose, qui demande attention soutenue, efforts et apports internes et externes.
Autre élément important, la transparence et l’imputabilité. J’ai demandé à une équipe de différents services de préparer en ligne un espace portant sur les activités du ROM en matière de lutte contre l’oppression, d’inclusion et d’équité, y compris les initiatives axées sur les Noir.e.s et les Autochtones, ainsi que d’autres groupes militant pour l’équité. Cette page Web sera accessible à tous, et encouragera la participation.
Nous devons poursuivre nos efforts pour que le ROM soit indubitablement une institution encore plus inclusive, équitable et sans racisme afin que les gens ne se sentent pas uniquement bienvenus au ROM, mais qu’ils aient un sentiment d’appartenance dans ce musée citoyen. Notre volonté de jouer un rôle central dans la vie sociale et de contribuer aux discours importants et pertinents de notre époque n’a jamais été aussi importante. Je suis impatient de continuer de relever ce défi tous ensemble.
Le directeur général du ROM,
Josh Basseches