Le monde naturel dans la peinture de l'Asie du Sud
Ces peintures sont exposées dans la Galerie sir Christopher Ondaatje de l’Asie du Sud.
Les peintures du sous-continent indien sont réalisées à partir de pigments minéraux et végétaux naturels sur papier. Elles sont donc sensibles à la lumière et doivent être régulièrement remplacées dans la galerie. La plus récente installation porte sur le monde naturel, soit des scènes qui se déroulent à l’extérieur, dans un cadre naturel.
Dans la peinture indienne, la nature (ou la campagne) est un lieu aux possibilités multiples : retraites spirituelles, loisirs, rencontres romantiques, jeux d’adresse. Ce milieu est aussi considéré comme la demeure des dieux, qui s’y livrent à des activités quasi humaines. Dans ces tableaux, les éléments naturels sont magnifiquement peints dans leurs moindres détails par des artistes de grand talent. Dans la tradition picturale indienne, le monde naturel est aussi important que ceux qui l’habitent.
Cette page représentant les loisirs d’un empereur moghol fait partie du célèbre album de Saint-Pétersbourg qui comporte des peintures et des exemples de calligraphie persane (ici, au verso de la page). À en juger par les fusils portés par les serviteurs, il s’agit d’une scène de chasse. C’est l’un des rares portraits importants de l’empereur dans ses dernières années.
Ces peintures proviennent d’un manuscrit dispersé intitulé Mewar Gita Govinda qui a été achevé en 1714 sous la direction de Rupaji Bhatt en hommage au roi du Mewar, Sangram Singh II. L’œuvre raconte la relation entre le dieu hindou Krishna et des gopis (vachères), en particulier, l’une d’elles appelée Radha. Dans ces peintures, Krishna a la peau bleue et porte une couronne ornée d’une plume de paon. Il est représenté plusieurs fois, comme le veulent les conventions de la peinture indienne qui réunissent dans une seule image des épisodes d’un même récit. Ici, les scènes se déroulent dans un décor luxuriant d’arbres, de vignes et de guirlandes. Radha envoie une messagère à Krishna pour lui transmettre ses pensées concernant son bien-aimé. L’amour que porte Krishna à Radha est une métaphore de la soumission de l’âme humaine au divin.
Ici, le dieu hindou Shiva passe amoureusement son bras autour de Parvati, son amante et épouse endormie. Au milieu des arbres, Shiva, monté sur le taureau Nandi, son vahana, tient dans ses mains le trident et le tambour double. Dans ces œuvres, le peintre tente de concilier l’image effrayante du dieu ascète et son aspect humain et sensuel, en tant que mari et patriarche.
Cette peinture rare représente des dames à la chasse. Même si la chasse était souvent considérée comme une activité réservée aux hommes, on voit ici le rôle souvent actif qu’ont joué les femmes à la cour royale. Elles se livraient à des activités telles que le mécénat (arts et édifices), les arts militaires, ainsi que la chasse, loisir de l’élite.