Les ankylosaures se battaient entre eux tout autant qu’avec les tyrannosaures

Two Zuul crurivastator battle each other with their tail clubs.  Illustrated by Henry Sharpe. © Henry Sharpe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zuul nous indique que les ankylosaures pourraient avoir aussi utilisé leur massue caudale à des fins de domination de leurs congénères.

TORONTO, le 7 décembre 2022 – Des scientifiques du Musée royal de l’Ontario (ROM), du Royal BC Museum et du North Carolina Museum of Natural Sciences ont trouvé de nouvelles preuves de la façon dont certains dinosaures cuirassés utilisaient leurs massues caudales qui les distinguent tant. Le fossile exceptionnel de l’ankylosaure Zuul crurivastator comporte des pointes le long de ses flancs qui ont été brisées et cicatrisées à plusieurs reprises alors que ce dinosaure était vivant – des blessures qui, selon les scientifiques, auraient été causées par un coup d’une massue caudale massive d’un autre Zuul. Cela suggère que les ankylosaures avaient des comportements complexes, luttant peut-être pour la domination des membres de leur espèce et leur territoire, ou même en s’affrontant lors de la saison des « amours » pour des partenaires. Cette recherche a été publiée dans la revue Biology Letters.

Ce dinosaure herbivore de 76 millions d’années, qui fait partie de la collection de fossiles de vertébrés du Musée royal de l’Ontario, porte le nom du monstre fictif « Zuul » tiré du film SOS Fantômes de 1984. Initialement, le crâne et la queue avaient été libérés de la roche environnante, mais le corps était toujours enfermé dans près de 16 000 kilos de grès. Après des années de travail, il a été révélé que le corps avait conservé la majeure partie de sa peau et de sa cuirasse osseuse sur tout le dos et les flancs, donnant une vue remarquable de ce à quoi ressemblait ce dinosaure en vie. Le corps de Zuul était couvert de plaques osseuses de différentes formes et tailles et celles le long de ses côtés étaient particulièrement grandes et pointues. Fait intéressant, les scientifiques ont remarqué qu’un certain nombre de pointes près des hanches des deux côtés du corps manquent leurs extrémités et que l’os et la gaine cornée ont guéri en adoptant une forme plus émoussée. Les motifs répétés de ces blessures sont plus cohérents avec le fait d’être le résultat d’une forme de combat ritualisé ou de joutes avec des massues caudales et elles n’ont probablement pas été causées par un prédateur comme un tyrannosaure en raison de l’endroit où ils se trouvent sur son corps.

« Je m’intéresse à la façon dont les ankylosaures utilisaient leurs massues caudales depuis des années et c’est une nouvelle pièce du casse-tête qui est vraiment passionnante », a souligné l’auteure principale de la publication, Victoria Arbour, conservatrice de la paléontologie au Royal BC Museum et ancienne boursière postdoctorale du CRSNG au Musée royal de l’Ontario. « Nous savons que les ankylosaures pouvaient utiliser leurs massues caudales pour porter des coups très puissants à un adversaire, mais la plupart d’entre nous pensaient qu’ils utilisaient ces massues pour combattre leurs prédateurs. Au lieu de cela, on peut croire que des ankylosaures comme Zuul se sont peut-être battus entre eux. »

La queue de Zuul mesure environ trois mètres de long avec des pointes pointues le long de ses côtés. La moitié arrière de la queue était raide et la pointe était enfermée dans d’énormes plaques osseuses, créant ainsi une arme redoutable ressemblant à un marteau. Zuul crurivastator signifie « Zuul, le destructeur de tibias », un clin d’œil à l’idée que les massues étaient utilisées pour briser les pattes des tyrannosaures qui étaient des bipèdes. La nouvelle recherche ne réfute pas l’idée que ces massues caudales pourraient être utilisées pour l’autodéfense contre les prédateurs, mais montre qu’elles auraient également servi pour des combats entre congénères – un facteur qui a probablement influencé le cours de leur évolution. Aujourd’hui, les armes spécialisées des animaux comme les bois de cerf ou les cornes d’antilopes ont généralement évolué pour être utilisées principalement pour combattre des animaux de la même espèce lors d’affrontements pour des partenaires ou un territoire.

Il y a quelques années, Victoria Arbour avait avancé l’idée que des ankylosaures pouvaient avoir frappé les flancs de leurs congénères et que des côtes cassées et des cicatrices à ces endroits pourraient fournir des preuves appuyant cette idée. Toutefois, les squelettes d’ankylosaures sont extrêmement rares, ce qui rendait difficile la vérification de cette hypothèse. Le dos et la queue complètement préservés de Zuul, y compris la peau, ont donc permis d’avoir un aperçu inhabituel de la vie de ces incroyables dinosaures cuirassés.

« Le fait que la peau et l’armure soient préservées sur place est comme un cliché instantané de l’apparence de Zuul de son vivant. Les blessures subies par Zuul au cours de sa vie nous renseignent sur la façon dont il a pu se comporter et interagir avec d’autres animaux dans son milieu », a expliqué David Evans, titulaire de la chaire Temerty et conservateur de la paléontologie des vertébrés au Musée royal de l’Ontario.

Le très remarquable squelette de Zuul a été trouvé dans la formation rocheuse de Judith River dans le nord du Montana et acquis par le ROM grâce au généreux soutien du Fonds fiduciaire de bienfaisance Louise Hawley Stone. Ce projet a également été financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, Alberta Innovates et le Dinosaur Research Institute.

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Sources complètes de référence :

Auteurs : Arbour, VM; Zanno L, Evans, D. « Palaeopathological evidence for intraspecific combat in ankylosaurid dinosaurs ». Article publié dans la revue Biology Letters. DOI: 10.1098/rsbl.2022.0404