CANADA 150 - Nouvelle-Écosse - Poupée de chiffon noire
Publié
Catégories
Auteur
Article de blog
La section des Arts décoratifs canadiens du Musée royal de l'Ontario possède une collection raisonnable de poupées, à la fois folkloriques et commerciales. Les poupées représentent principalement les origines des premiers colons canadiens anglophones et francophones, comme cette poupée dansante fabriquée à la main au Québec et cette poupée tricotée en Ontario. Ces deux poupées datent de la fin des années 1800 ou du début des années 1900. Je dois préciser que lorsque je parle de la collection canadienne, je parle des collections consacrées aux immigrants et aux colons. Il y a plusieurs poupées dans la collection des Premières Nations.
Dans l'ensemble de la collection canadienne à ce jour, il n'y a que trois poupées à la peau foncée : une poupée de chiffon de Nouvelle-Écosse, un Golliwog et une poupée "Topsy-Turvy" d'Alfred Bruckner. La réflexion sur ces trois poupées noires est complexe. Cette première poupée, dont j'ai inclus l'image, est un exemple d'objet de jeu créé pour un enfant, faisant preuve de soin et d'art avec des matériaux simples : une poupée folklorique, comme les deux autres poupées de ce billet. Comme toute culture populaire, elle est représentative de son lieu d'origine ; la Nouvelle-Écosse compte une importante population noire depuis des siècles, car elle était un lieu sûr pour les personnes qui fuyaient l'esclavage aux États-Unis et dans les Caraïbes auxXVIIe etXVIIIe siècles et qui voulaient commencer une nouvelle vie. La pièce ROM a probablement été fabriquée pour un jeune enfant noir du sud de la Nouvelle-Écosse. Nous ne savons pas grand-chose à son sujet, si ce n'est qu'elle s'est retrouvée dans un magasin d'antiquités dans les années 1970 en Ontario, où elle a été achetée et apportée au musée. Le tissu utilisé pour le corps et la robe de la poupée était probablement du matériel de récupération provenant d'une autre période de la vie du fabricant ; les poupées folkloriques de toutes les cultures sont des témoignages de la créativité humaine et de la réutilisation. Les poupées folkloriques telles que celle-ci sont généralement fabriquées par les mères et les grands-mères pour les enfants de leur entourage. Ce sont souvent des objets précieux, transmis de génération en génération.
Les deux autres poupées noires sont intéressantes, mais elles ont probablement été fabriquées pour des enfants blancs dans un contexte de production de masse par des adultes blancs, ce qui les rend beaucoup plus difficiles à aborder. Leur imagerie et l'histoire de leur création reflètent les préjugés raciaux troublants qui existaient dans la société nord-américaine à l'époque où ces poupées ont été fabriquées. Je n'ai pas inclus leurs images ici, parce qu'elles sont chargées de racisme. L'espace d'un billet de blog n'est pas assez grand pour permettre une analyse complète de leur histoire complexe. Je m'efforce de les rechercher et de les présenter dans d'autres contextes, où l'on dispose de plus de temps et d'espace pour examiner leurs histoires difficiles.
Il est important de préserver et de présenter l'histoire des inégalités raciales, et je suis donc heureuse que les poupées difficiles existent au ROM. Nous serons mieux équipés pour faire face aux injustices futures si nous comprenons mieux celles que nous nous sommes infligées les uns aux autres dans le passé. De plus, ces poupées sont des exemples importants de la manière dont les préjugés raciaux sont transmis aux plus jeunes. Cela dit, je suis peut-être un peu plus reconnaissante de la présence de cette adorable poupée néo-écossaise au ROM, car elle offre un point d'entrée plus festif pour discuter de l'histoire importante des Canadiens noirs. Elle est un bon exemple de production culturelle, plutôt qu'une représentation d'un "autre" souvent mal compris.