CANADA 150 - Québec - Mémorial des cheveux
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L'objet que je souhaite partager aujourd'hui est un petit diorama d'environ 30 centimètres de haut et 15 centimètres de diamètre. Il est enfermé dans un dôme de verre, sur une base en bois. La scène représente un lieu de sépulture, avec un obélisque, un cercueil marqué d'une croix et plusieurs arbres. Le plus grand arbre ressemble à un modèle de saule pleureur, avec de longues vrilles de feuilles drapant l'obélisque. Les deux arbres plus petits ont des feuilles en forme de diamant, avec de longues vrilles similaires. De petites fleurs décorent l'obélisque, entourent le cercueil et semblent avoir été plantées dans deux petites parcelles à côté du cercueil. Le tissu marron constitue le sol de la majeure partie du diorama, et un feutre vert semble imiter l'herbe. L'obélisque et le cercueil sont entourés de huit poteaux de clôture. L'obélisque, le cercueil et les poteaux de clôture sont tous de la même couleur et probablement fabriqués dans le même matériau. Jusqu'à présent, mes recherches m'ont permis de conclure qu'il s'agissait probablement d'un objet en bois modelé à la cire. Les feuilles du grand arbre et les liens entre les huit poteaux de clôture qui entourent la scène sont faits de petites boucles de cheveux. Deux petites couronnes de chaînes de cheveux figurent également dans la scène : l'une est posée sur le cercueil et l'autre sur le grand obélisque.
En regardant de plus près, la pierre tombale porte les noms de quatre personnes, tous des enfants.
Evelina Bourdou
19 janvier 1870 - 18 septembre 1878
Napoléon Bourdou
31 mars 1863 - 18 août 1872
Joseph Azarie Bourdou
29 juin 1854 - 30 juin 1854
Joseph Bourdou
14 novembre 1852 - 9 janvier 1855
Jusqu'à présent, j'ai trouvé des documents sur cette famille qui indiquent qu'au recensement du Canada de 1871, Louise Bourdou vivait à Boucherville, au Québec, avec son mari Joseph, qui avait 46 ans. Il est inscrit comme " commercant ", ou commerçant, en anglais. Louise a 38 ans. Ce couple a dix enfants à la maison : Melina (20 ans), Marie (15 ans), Eliza (13 ans), Joseph (11 ans), Louis (9 ans), Napoleon (8 ans), Alice (6 ans), Thomas (4 ans), Ellidia (2 ans) et Evelina (1 an). La famille parle français à la maison et Marie, Eliza, Joseph, Louis, Napoléon et Alice vont à l'école. Il y a d'autres familles plus nombreuses dans la même rue, d'après le recensement ; il est facile d'imaginer un quartier envahi par les enfants.
Ce diorama est un exemple rare d'artisanat de dôme de l'époque victorienne, ainsi qu'un exemple de coiffure commémorative. Ces deux techniques étaient assez courantes à la fin des années 1800, mais l'union des deux dans une pièce comme celle-ci est rare. Les dômes étaient plus souvent réalisés avec des sculptures florales purement décoratives, et les coiffures étaient plus souvent utilisées pour créer des bijoux. Mes recherches sur cette pièce se poursuivent, mais il est probable qu'elle ait été réalisée par Louise Bourdou, quelque temps après la mort d'Evelina, en mémoire de ses quatre enfants décédés.
C'est un objet triste. Ce dôme a probablement été réalisé par une mère en deuil, en souvenir de ses enfants. Plusieurs chercheurs qui ont étudié le travail du cheveu ont affirmé que les ouvrages de coiffure constituent un ensemble particulièrement important d'arts décoratifs, car ils mettent en évidence la nature complexe de la vie émotionnelle des femmes. Pour moi, les monuments commémoratifs que j'ai vus jusqu'à présent reflètent une endurance tranquille qui est très profonde. Les objets comme ce dôme n'ont pas été fabriqués dans un but lucratif ou pour être acclamés. Ils ont été fabriqués pour guérir, réfléchir et commémorer. Ils illustrent l'importance de l'artisanat dans la vie des hommes.
Je partage ce témoignage, à l'approche de la fête du Canada, parce que parfois, à l'occasion de grands anniversaires, il est bon de se souvenir des moments plus calmes et des moments d'endurance face aux défis auxquels nous sommes tous confrontés. En cette période de grand anniversaire collectif, je tiens à rappeler le travail, les difficultés, la bravoure et la force des gens de tous les jours qui vivent ensemble sur cette terre depuis plus de 150 ans, comme les Bourdous.