De l'Afrique au ROM. Explorer la complexité de l'expérience africaine et diasporique.

La troisième semaine d'octobre a marqué le lancement du projet multiplateforme triennal Of Africa : une série de conférences et de performances riche et stimulante intitulée Histoires, Collections, Réflexions.

Dirigé par les conservateurs indépendants Julie Crooks et Dominique Fontaine et moi-même, Of Africa est un programme issu de discussions et de conversations entre les membres de l'équipe de conservation du ROM, un comité consultatif composé d'artistes, d'universitaires, de conservateurs et de divers partenaires de la communauté. Au fond, Of Africa a pour but d'engager le dialogue et de faire connaître aux visiteurs du ROM les voix, les récits, les histoires et les cultures de l'Afrique et de sa diaspora.

Lorsque Julie, Dominique et moi-même avons pensé à Of Africa, nous étions convaincus que nous devions nous efforcer d'introduire une multiplicité de voix susceptibles de témoigner de la diversité du continent africain. Nous voulions inviter le public à s'engager, non pas dans une idée simplifiée de l'"Afrique", mais dans la vitalité et la complexité de la contemporanéité à travers le continent. Cet objectif ne pouvait être atteint avec une seule exposition, mais nécessitait une programmation plus soutenue, à long terme et dynamique, capable de créer un élan et de raconter une multitude d'histoires (et, ce faisant, d'éviter ce que Chimamanda Ngozi Adichie a défini comme "le danger d'une histoire unique").

Le 23 octobre, Binyavanga Wainaina, l'un des jeunes auteurs et activistes culturels les plus en vue du continent africain et un ardent défenseur de la complexité de la contemporanéité africaine, a donné le coup d'envoi de l'événement de trois jours au ROM avec une conférence intitulée I Am An Imaginer : Riding Africa's Glorious Terrible Hurricane. À travers des métaphores, des images, des souvenirs de vie et des récits, Wainaina a évoqué la vitalité et l'énergie du paysage culturel africain contemporain, où les idées deviennent les connecteurs de communautés d'intérêt formées à travers les espaces publics urbains et les plateformes de médias sociaux.

Au cours des deux jours suivants, 20 intervenants invités, activistes, chercheurs, artistes et conservateurs d'Afrique, d'Europe et d'Amérique du Nord ont présenté des réflexions inspirantes sur les différentes manières de s'engager dans la présentation et la représentation des arts, des cultures et des questions politiques de l'Afrique et de la diaspora. Les exposés scientifiques, artistiques et curatoriaux ont été précédés et encadrés par une table ronde intitulée "Learning from Into the Heart of Africa", au cours de laquelle les anciens activistes Afua Cooper, Geraldine Mariba, Yaw Oluwasanjo Akyeaw et Dan Rahimi (ancien vice-président des programmes du ROM et conservateur au ROM à la fin des années 1980) ont réfléchi à l'héritage durable de la controverse souvent citée qui a été déclenchée par l'exposition Into the Heart of Africa, présentée au ROM en 1989.

Cette exposition, qui avait pour but d'explorer de manière critique les prémisses coloniales de la collection de musées en Afrique, a suscité une vive controverse qui a altéré la vie de nombreuses personnes et a créé une fracture très forte avec la communauté afro-canadienne. Dans l'exposition, les images et les mots présentant l'état d'esprit fondamentalement raciste des premiers collectionneurs n'ont pas été contrebalancés par un contre-récit tout aussi puissant et explicite. Étant donné les prémisses coloniales et eurocentriques problématiques des musées en tant qu'institutions, cette approche critique subtile pourrait raisonnablement être interprétée comme un autre exemple de la même violence et du même racisme que l'exposition avait l'intention de critiquer.

Le projet Of Africa est conçu pour remettre en question à chaque étape les représentations monolithiques de l'Afrique, les collections des musées et les histoires coloniales en élargissant la discussion et la présentation de ce qui constitue l'Afrique et l'art africain. Nous sommes tout à fait conscients que ce projet n'est pas né dans le vide, mais qu'il doit tirer les leçons du passé et s'en inspirer. D'une certaine manière, comme le note James Baldwin, "Accepter son passé... son histoire - ce n'est pas se noyer dedans ; c'est apprendre à s'en servir".

Conformément à cette vision, la performance multimédia et orale de Nástio Mosquito, African, I Guess, a clôturé de manière inspirante notre événement de trois jours. Avec son acte ironique et provocateur, Mosquito nous a rappelé la nécessité de la collaboration, de la mémoire, de la conscience de soi et du courage d'agir de manière créative pour défier les stéréotypes et les vérités absolues.

Of Africa continuera à se manifester à travers des expositions permanentes, des expositions temporaires, des conférences, des ateliers et des projets pilotes.