Le point sur la baleine bleue : où en est-elle ?
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Article de blog invité par Nila Sivatheesan, étudiante en communication visuelle environnementale (EVC)
La tristement célèbre baleine bleue a fait les gros titres en mai 2014 lorsqu'elle s'est échouée sur les côtes de Rocky Harbour et de Trout River, à Terre-Neuve-et-Labrador. Les photos des baleines sont devenues virales sur les médias sociaux, les habitants s'inquiétant de l'odeur répugnante et des risques d'explosion. L'équipe du Centre pour la biodiversité du Musée royal de l'Ontario a été envoyée à Terre-Neuve pour prélever des échantillons à des fins de recherche et aider à la récupération de l'animal pour le ramener au musée. L'excitation était à son comble, car de plus en plus d'images et de vidéos circulaient sur le web. Mais une fois l'excitation retombée, une question se pose : Que faire maintenant ?
J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Burton Lim, conservateur adjoint du ROM chargé de la mammalogie, qui faisait partie de l'équipe à Terre-Neuve, et de lui poser quelques questions :
Où se trouve la baleine aujourd'hui et que lui arrive-t-il ?
Une fois le nettoyage initial terminé à Terre-Neuve, les deux baleines ont été placées dans trois gros camions-remorques et envoyées à une entreprise de Trenton, en Ontario, connue sous le nom de Research Casting International. Les baleines y seront préparées pour être exposées. Les restes de chair et de peau qui n'ont pas été éliminés à Terre-Neuve seront nettoyés à fond. La moelle osseuse qui se trouve encore à l'intérieur des os devra être enlevée, sinon elle commencera à suinter lentement, ce qui attirera les insectes, la poussière et la saleté. Les crânes seront enterrés dans du compost de fumier, et des enzymes et des bactéries décomposeront biologiquement la chair.
Les os qui ont déjà été nettoyés à Terre-Neuve doivent être dégraissés. Il s'agit essentiellement d'une technique de nettoyage à sec qui consiste à expulser la graisse contenue dans les os à l'aide de produits chimiques. Une fois les os prêts, ils seront préparés pour le montage et une baleine viendra au ROM tandis que l'autre ira à l'Université Memorial. Ce processus peut durer un à deux ans.
Sait-on exactement comment les 9 baleines sont mortes ?
Il n'y a toujours pas de preuve concrète de la façon dont elles sont mortes. Les deux théories sont que la glace les a écrasées ou qu'elles se sont noyées parce qu'elles étaient coincées sous la banquise, qui était trop épaisse et trop grande pour être brisée ou pour nager. L'une des baleines, celle que j'ai aidé à préparer, avait le crâne écrasé à l'arrière, presque cassé en deux. La deuxième baleine avait pas mal de sang sous le crâne, ce qui pourrait indiquer qu'elle essayait de briser la glace, qui était tout simplement trop épaisse. D'après ce que nous avons vu sur les crânes, le scénario de la noyade semble le plus probable. Mais nous n'en aurons jamais la certitude.
En quoi cette baleine sera-t-elle utile au musée et à la science ?
C'était une histoire populaire, mémorable et tragique. Les baleines ont fait couler beaucoup d'encre, tant au Canada qu'à l'étranger. L'histoire en elle-même intéressera les gens. Mais surtout, elle nous donnera une bonne occasion de parler de la conservation des baleines et de la recherche sur les baleines.
Nous sommes actuellement en plein milieu d'un projet. Nous avons ramené des échantillons de tissus et nous voulons séquencer l'ensemble du génome ADN de la baleine bleue, ce qui n'a pas encore été fait. Cela sera utile du point de vue de la recherche, mais aussi de la conservation, lorsqu'il s'agira de déterminer pourquoi les baleines ont si bien réussi à s'adapter aux environnements marins. Cette recherche pourrait également aider d'autres espèces menacées d'extinction.
Nous essayons de tirer parti de cet événement tragique et d'en faire un élément positif pour l'éducation et la recherche.
La baleine bleue figure sur la liste des espèces en voie de disparition de l'annexe 1 de la loi canadienne sur les espèces en péril.