Minéral du mois : sérandite

Il s'agit du premier article d'une nouvelle série organisée par la section des sciences de la terre, intitulée "Le minéral du mois". Ces blogs présenteront des spécimens remarquables (et peut-être moins remarquables, mais tout de même intéressants) de la collection de minéraux de classe mondiale du musée. Nous présenterons également chaque mois des météorites et des pierres précieuses, de sorte que tout le monde y trouvera son compte.

Voici le plus beau et le plus grand exemple de cristal de sérandite jumelé au monde, exposé dans la galerie Teck : Earth's Treasures (Trésors de la Terre). Il mesure 12,5 x 11,4 x 4 centimètres. En fait, comme son nom l'indique, ce spécimen est composé de deux grands cristaux de séricandite. Les minéraux peuvent former des jumeaux de nombreuses façons, parfois très complexes. Mais dans certains des cas les plus simples et les plus évidents, ils forment des groupes, comme ici où deux cristaux poussent ensemble de manière orientée parce qu'ils sont reliés par une face commune. Le résultat net est un effet de miroir, comme c'est le cas pour ce spécimen. Vous remarquerez une ligne distincte ou un sillon qui s'étend essentiellement au milieu, de haut en bas. Il s'agit de la face commune des deux cristaux de sérandite. Les autres minéraux associés à ce spécimen sont la natrolite blanche et la magan-neptunite brun-rouge.

La sérandite est un minéral rare qui ne se trouve qu'en quelques endroits de la Terre, et généralement sous forme de petits grains non descriptifs enfermés dans la roche. Cependant, à la fin des années 1960, des collectionneurs de minéraux ont commencé à trouver d'étranges cristaux d'un minéral rose-orange inhabituel dans une carrière située à l'extérieur de Montréal. L'analyse a rapidement montré qu'il s'agissait en fait des meilleurs cristaux de séricandite connus à l'époque. Cette carrière, située sur le flanc d'une colline connue sous le nom de Mont Saint-Hilaire, avait été ouverte à l'origine pour produire du gravier pour les routes. Par chance, les exploitants avaient choisi d'ouvrir leur carrière dans l'une des collines montérégiennes, une série d'intrusions ignées qui parsèment le paysage du sud du Québec.

Les collines montérégiennes sont généralement composées de roches à la chimie très particulière. C'est particulièrement le cas du mont Saint-Hilaire ou de la " montagne magique ", comme on l'a surnommée. Les minéraux qui composent les roches y présentent de fortes concentrations d'éléments dits alcalins, comme le sodium, ainsi qu'une foule d'éléments rares, comme le zirconium, le béryllium, l'yttrium et bien d'autres. Cette chimie inhabituelle, associée à certaines particularités géologiques de l'intrusion elle-même, a créé des conditions idéales pour la formation d'une série de minéraux rares et bien cristallisés, comme on n'en trouve nulle part ailleurs sur Terre. Avec la découverte de ces premiers spécimens, la carrière est devenue une sensation instantanée dans le monde des collectionneurs de minéraux et l'est restée pendant plus de 40 ans. Elle est reconnue comme l'endroit où l'on trouve les plus beaux exemples non seulement de sérandite, mais aussi d'autres minéraux rares tels que la catapléite, la magan-neptunite, l'elpidite, la narsarsukite, l'épididymite et bien d'autres encore. Plus de 388 minéraux différents sont connus du Mont St. Hilaire, dont 57 ont été décrits pour la première fois. Certains, comme la carletonite (qui sera présentée dans les prochains blogs du Minéral du mois avec de nombreux autres trésors de la montagne magique) ne se trouvent nulle part ailleurs.