Photographie de la faune et de la flore : Derrière l'appareil photo

Blog invité rédigé par les étudiants en communication visuelle environnementale Aisha Parkhill-Goyette et Jeff Dickie

Imaginez que vous êtes au fin fond de la jungle du Sri Lanka. Vous vous retrouvez aveuglé par la pluie battante, plongé jusqu'aux genoux dans une rivière impétueuse, essayant désespérément de ne pas tomber à l'eau. La foudre frappe à quelques mètres de vous, mais vous vous préoccupez plutôt du petit chatouillement près de votre coude gauche, et vous espérez qu'il ne s'agit pas d'une des dizaines de sangsues terrestres qui ne cessent de vous tomber dessus depuis les arbres situés au-dessus. Imaginez que vous vous frayez un chemin dans l'obscurité d'une caverne, les murs et le sol mouillés et glissants, le visage recouvert d'un masque pour vous protéger de la puanteur du guano, car cette caverne abrite des centaines et des centaines de chauves-souris. Imaginez que vous allumez votre torche, que vous regardez au loin et que vous voyez un mur d'yeux qui vous fixent.

Tout le monde n'a pas les qualités requises pour devenir photographe animalier. Il faut un dévouement et une personne particuliers - quelqu'un qui est tout aussi sauvage que les créatures qu'il essaie de capturer avec son appareil photo. Il faut faire des recherches approfondies sur les animaux, leur habitat, leur aire de répartition et leur comportement afin d'obtenir la photo parfaite. Vous devez voyager loin, parfois en trekking jusqu'à des endroits reculés, et rester immobile pendant des heures. Il faut se lever tôt ou se coucher tard et être toujours prêt à affronter les éléments. La photographie d'animaux sauvages est un domaine extrêmement compétitif, qui demande beaucoup de dévouement et de travail, mais qui est aussi incroyablement passionnant.

Nous avons récemment eu la chance de nous entretenir avec Deirdre Leowinata et Vincent Luk, deux photographes de la vie sauvage en devenir, diplômés du programme de certificat en communication visuelle environnementale proposé par le Fleming College et situé au ROM. Ils ont partagé avec nous quelques-unes de leurs aventures, leurs histoires et les leçons qu'ils ont apprises lors d'une expédition de recherche avec Burtom Lim, mammalogiste au ROM, à l'automne dernier.

En tant que photographe animalier, vous devez être prêt à faire face à n'importe quelle éventualité une fois sur le terrain. Dès la première nuit, Deirdre, Vincent et Burton ont dû braver une forte pluie de mousson. Les jours suivants ont donné lieu à des aventures que seuls les photographes animaliers les plus courageux accepteraient : des sangsues terrestres affamées tombant des arbres, une vipère venimeuse à écailles qui a glissé sur le sentier devant eux, des grottes de chauves-souris qui sentaient le guano si fort qu'ils pouvaient à peine respirer, le port de masques dans les grottes car la poussière de guano de chauve-souris peut être dangereuse si elle est inhalée, et un trek à pied à travers un rapide profond et impétueux. Dire qu'il faut un certain type de personne pour être photographe animalier est un euphémisme - il faut une ténacité que la plupart des gens ne possèdent tout simplement pas.

Si vous voulez être un photographe animalier, vous devez également connaître votre propre équipement. Il n'y a rien de pire que d'aller sur le terrain et de ne pas connaître les avantages ou les limites de son matériel. Quel objectif convient le mieux au type d'animal que vous essayez de photographier ? Devriez-vous utiliser un objectif grand angle ou un objectif macro ? De quel type de zoom aurez-vous besoin ? Devriez-vous utiliser un flash ou pas ?

Vous ne savez jamais quel type de situation peut se présenter lorsque vous êtes sur le terrain, et vous ne voulez pas être en train de jouer avec vos réglages au moment de la prise de vue. Alors, comme le dit la devise des boyscouts, soyez prêts ! Vincent, en mission au Sri Lanka avec Burton Lim, a réussi à prendre des photos de chauves-souris en utilisant un objectif grand angle, afin de compenser leur vitesse et leur vol erratique et d'augmenter les chances de les capturer en pleine action.

Un autre aspect important de la photographie d'animaux sauvages est la recherche. Plus vous passez de temps à étudier votre sujet, mieux vous pouvez prévoir son comportement et plus vous avez de chances d'obtenir la photo parfaite. Vincent et Deirdre ont fait des recherches sur les chauves-souris avant de se rendre au Sri Lanka avec le conservateur adjoint de mammalogie du ROM, le Dr Burton Lim. Non seulement ils ont pu identifier les chauves-souris qu'ils ont photographiées, mais ils ont également découvert une nouvelle espèce pour le Sri Lanka, la rousserolled'Égypte (Rousettus aegyptiacus). Pour en savoir plus, consultez l'article du blog The ROMs Very Own Batman Returns.

Pour réussir en tant que photographe, mais surtout en tant que photographe animalier, vous devez être aussi doué avec les gens qu'avec les animaux. Si vous voyagez dans un autre pays, vous devez être capable de respecter les connaissances locales, de communiquer avec les habitants et d'apprendre d'eux. Leurs conseils sont précieux, en particulier pour votre propre sécurité, et leur aide peut faire la différence entre rentrer chez soi sans rien et obtenir la photo parfaite.

Enfin, une autre chose importante à garder à l'esprit est que les photographes animaliers passent des heures à attendre. Cela peut être une bonne occasion de pratiquer la technique ou de s'amuser. Après avoir installé tout l'équipement, Burton Lim, Deirdre et Vincent se sont amusés à utiliser des lampes de poche et à prendre des photos à longue exposition pendant les heures du crépuscule, en attendant que les chauves-souris sortent de leur cachette. Même les guides locaux et les membres de la communauté ont participé. Ensemble, ils ont créé des moments mémorables, capturés par l'appareil photo.

Si vous voulez vraiment réussir sur le terrain, vous devez savoir que même si vous êtes trempé, fatigué et que vous avez froid lorsque vous rentrez chez vous, votre travail n'est pas terminé. S'asseoir devant l'ordinateur pour examiner et retoucher des photographies peut ne pas sembler être la partie la plus glamour du travail, mais c'est important. C'est aussi le meilleur moment pour suivre vos progrès, célébrer vos réussites et tirer les leçons de vos échecs. C'est également à ce moment-là que vous décidez quelles histoires vous voulez partager, allez-vous inclure l'histoire derrière la photo ou allez-vous la laisser ouverte à l'interprétation ?

C'est Vincent qui l'a le mieux dit en expliquant que "les photographies ont la capacité de transporter n'importe quel public dans les yeux du photographe", car même s'ils n'interprètent pas l'image exactement de la même manière, "ils ont l'impression d'être transportés dans ce lieu". Des milliers d'abonnés sur Twitter se sont réveillés chaque jour avec l'impatience de voir les photos de Deirdre et Vincent et de lire leurs mises à jour. Ils avaient l'impression qu'une petite partie d'eux-mêmes se trouvait au Sri Lanka et les suivait dans leurs aventures.

Et c'est l'une des grandes qualités de la photographie animalière : les photos ne se contentent pas de raconter une histoire, elles invitent le public à faire partie de l'aventure.