Quand la chasse à la baleine est une tradition

Communauté inuite se tenant sur et près d'une baleine boréale récemment chassée sur la plage.

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Ursula McClintock

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Blog invité rédigé par Ursula McClintock, étudiante en communication visuelle environnementale.

Dans certaines communautés indigènes du monde entier, la chasse à la baleine fait autant partie de leurs traditions que le repas de dinde de ma famille à Thanksgiving et à Noël. La chasse à la baleine fait partie intégrante de l'alimentation des communautés inuites depuis des millénaires.

Aerial view of three bowhead whales at the surface of the ocean, swimming

Cette chasse et d'autres pratiques traditionnelles ont été perturbées par des réglementations gouvernementales et des manifestations civiles contre la chasse à la baleine, telles que celles menées par Greenpeace depuis les années 1970. Les baleines boréales, parmi de nombreuses autres espèces de baleines, ont été chassées au point de frôler l'extinction au début duXXe siècle. Pourtant, le plus souvent, les communautés autochtones sont mises sur le même plan que les groupes commerciaux responsables du quasi-effondrement des populations de ces animaux marins emblématiques.

Historic black and white photograph of deceased whale on a beach, a few people stand on boats next to whale.

Les Inuits ne sont pas les seuls à participer à ce que l'on appelle la "chasse à la baleine de subsistance autochtone". La conservation et la gestion de la chasse à la baleine sont supervisées par la Commission baleinière internationale (CBI), une organisation réglementaire intergouvernementale créée en 1946. La CBI autorise la chasse aborigène de subsistance et le commerce des produits baleiniers à des fins lucratives, mais souligne que la majorité des produits baleiniers doit être utilisée au sein de la communauté locale. Les communautés autochtones d'Alaska, du Groenland, de Chukotka (Russie) et de Bequia (Grenadines) sont régies par cette section de la CBI. En 1982, le Canada a quitté la CBI en réaction au moratoire sur la chasse à la baleine et en raison de l'absence d'"intérêt direct du Canada dans l'industrie baleinière ou dans les activités connexes de la commission" (New York Times, juin 1981). Désormais dépourvues de reconnaissance internationale, les pratiques traditionnelles de chasse à la baleine des Inuits au Canada étaient considérées comme illégales, bien qu'elles répondent aux exigences des directives de la CBI sur la chasse à la baleine à des fins de subsistance. La plupart des communautés inuites ont volontairement limité ou cessé leurs activités traditionnelles de chasse à la baleine depuis la fin des années 1970, et elles n'ont pas chassé de baleine boréale depuis plus de 100 ans.

Historic coloured photograph of Inuit hunters in a hunting boat on the water

Ces décisions affectent encore aujourd'hui les communautés inuites. Nécessaire à la terre sur laquelle ils vivent, la culture inuite a toujours été une culture de la chasse, qui n'a jamais été aussi importante pour la survie à long terme. Le coût de la nourriture, de l'essence et de tous les produits de base augmente dans l'Arctique canadien, ce qui a placé cette tradition au premier plan de l'attention et de l'examen nationaux. Dans les années qui ont suivi la décision du Canada de quitter la CBI et les conséquences qu'elle a eues sur l'indépendance des Inuits, les efforts déployés de longue date par les Inuits pour gérer la faune et la flore dans l'Arctique ont été officialisés. La création du Nunavut, qui a débuté en 1993 par l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et s'est achevée en 1999 par la création complète du territoire du Nunavut, a été un succès pour l'autodétermination autochtone qui se préparait depuis des dizaines d'années.

L'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut a constitué une étape importante dans la récupération et la reconnaissance des pratiques de gestion de la faune sauvage des Inuits, les pratiques de chasse à la baleine et de gestion des animaux étant officiellement reconnues par le traité. L'accord reconnaît les contributions des Inuits à l'histoire, à l'identité et à la souveraineté du Canada dans l'Arctique. L'accord a notamment créé le Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut (CGFN), qui surveille la récolte de tous les animaux au Nunavut, y compris les baleines boréales. Le NWMB, qui constitue l'un des régimes de gestion de la faune les plus solides au monde, a mis en place un système de gestion visant à assurer la reconstitution des stocks de baleines boréales, qui avaient été épuisés par les pratiques de chasse à la baleine des non-Inuits à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ainsi que la santé et la viabilité des communautés inuites de l'Arctique.

Historic coloured photograph of the landscape of the community of Clyde River, mountains, grass, small houses.

Au-delà du 150e anniversaire du Canada et de la célébration de l'histoire et de la culture canadiennes, l'importance de la réconciliation avec nos populations autochtones n'a jamais été aussi grande. Le passé et le présent colonial du Canada ont créé une culture de traumatisme intergénérationnel dans nos communautés indigènes qui affecte la survie quotidienne de communautés entières. Le soutien aux systèmes de gestion de la faune et de la flore indigènes et aux droits à l'autodétermination peut contribuer à améliorer la situation des communautés. Nous pouvons utiliser la culture et les connaissances écologiques traditionnelles pour renforcer les pratiques de conservation. Le rétablissement et le soutien des pratiques traditionnelles de chasse à la baleine des Inuits permettraient une réconciliation sociale, économique et politique dans de nombreuses communautés qui continuent à défendre leur mode de vie traditionnel. Faire entendre la voix des Inuits dans les programmes de conservation marine et les négociations politiques est un pas dans la bonne direction. Pour ce faire, certains des stigmates entourant la chasse à la baleine doivent être conceptualisés.

Sandra Inutiq standing on stage at the ROM speaking to audience alongside four other panelists.

Fin 2017, le ROM a accueilli le symposium Canada's Oceans : Vers 2020, qui a rassemblé plus de vingt-cinq des meilleurs océanologues, leaders autochtones, décideurs, communicateurs et défenseurs du Canada pour discuter de l'avenir de nos océans. L'un des messages les plus forts qui est ressorti des présentations et des discussions est que la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada a un rôle important à jouer dans la protection de l'environnement marin. Plus encore, la conservation de nos océans et des diverses espèces et communautés côtières qui y vivent est une question de réconciliation et de reconnexion de chacun d'entre nous avec notre planète. Les révisions proposées à la Loi sur les pêches du Canada visent à ajouter des voix autochtones aux décisions prises dans le cadre de la loi, en notant que le comité peut envisager une "coopération" avec tout organe de gouvernance autochtone (MONDAQ, 8 février 2018). La chasse traditionnelle à la baleine est l'une des façons dont les communautés inuites du Canada peuvent réaliser cette reconnexion avec leur environnement local. Face à l'incertitude liée au changement climatique et aux autres menaces mondiales qui pèsent sur nos océans, nous avons besoin de communautés arctiques résilientes et solidement enracinées dans leurs terres et leurs traditions.

Ressources complémentaires :

Pour en savoir plus sur Sandra Inutiq, la vie dans l'Arctique et les initiatives des communautés inuites, visitez le site web de la Qikiqtani Inuit Association.

Pour admirer des images époustouflantes de baleines et d'autres animaux sauvages du monde entier, visitez l 'exposition The Wildlife Photographer of the Year (Photographe de la vie sauvage de l'année) au ROM, jusqu'au 18 mars 2018.

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