À la découverte des monarques

Comment les recherches d'un entomologiste du ROM nous ont permis de comprendre l'épopée de la migration multigénérationnelle du papillon monarque.
A cluster of monarch butterflies covering a tree trunk, with more flying through a sunlit forest.

Publié

Catégorie

La science

Auteur

David McKay

Première

Chaque été à Toronto, on peut apercevoir des papillons monarques qui voltigent avant d’entreprendre un voyage multigénérationnel vers le nord au printemps et en été et, à l’automne, une migration épique vers le sud. Ces faits nous sont connus grâce au travail de toute une vie d’un entomologiste du ROM.

En 1975, Fred et Norah Urquhart ont reçu un appel de Catalina et Ken Brugger qui étaient sur la piste des papillons monarques en migration au Mexique. Cet appel allait enfin résoudre l’énigme de l’aire d’hivernage des monarques. 

Leur destination hivernale été révélée au public dans un article de l’édition d’août 1976 de la revue National Geographic écrit par Fred Urquhart. Il y décrit cet appel téléphonique : « Nous avons localisé la colonie ! de dire Ken, incapable de contrôler son enthousiasme. Nous les avons trouvés – des millions de monarques – dans des conifères près d’une clairière en montagne. »

C’est ainsi que la nouvelle de la migration épique des monarques – de leurs zones d’estivage les plus septentrionales, allant des Prairies aux Maritimes et aussi loin au nord que l’asclépiade le permet, jusqu’aux aires d’hivernage du centre du Mexique – a été communiquée au monde entier.

Vénérés de longue date dans le centre du Mexique comme l’incarnation des âmes des ancêtres à l’occasion de la Dia de los Muertos en novembre, les papillons monarques figurent parmi les merveilles de la nature. Ce que la population locale ne savait pas, c’est que parmi les centaines de milliers de monarques drapés sur les sapins oyamel se trouvaient peut-être ceux qui voltigeaient à Toronto, la ville natale de Fred.

À la différence d’autres espèces de papillons dont les œufs, les chenilles, les chrysalides ou les adultes survivent aux rudes hivers de l’Ontario, aucun des stades du monarque n’a été observé au cours des mois d’hiver. Fred était fasciné par la migration annuelle des monarques. Étudiant en maîtrise à l’Université de Toronto, il commence à travailler au ROM (qui faisait alors partie de l’Université), où il s’occupe des collections d’entomologie. Pendant plus de vingt ans, Fred étudie les monarques et perfectionne les délicates techniques de marquage permettant de suivre leurs déplacements. Bien que ne travaillant pas au ROM, Norah, l’épouse de Fred, participe à ses activités de lépidoptériste. Pesant moins d’un gramme, les papillons sont trop délicats pour les traqueurs habituels. Fred a donc entrepris d’apposer sur l’aile du papillon un petit autocollant portant des instructions imprimées en lettres minuscules, demandant aux personnes qui trouvaient un monarque ainsi marqué de le retourner à l’Université de Toronto.

Au fil des décennies, une image du long voyage automnal des monarques vers le sud et des vagues générationnelles de leur retour vers le nord se dessine. Avec l’aide de bénévoles – adeptes de la science citoyenne – des papillons sont marqués et remis en liberté en Ontario. Les personnes qui les ont trouvés les ont retournés à Fred à Toronto. Il a partagé certaines de ses découvertes dans des publications, dont Report on the Studies of the Movements of the Monarch Butterfly in North America (1955), ainsi que dans son livre The Monarch Butterfly (1960), qui décrit les déplacements du papillon à travers le continent. Après avoir accédé au poste de directeur de la zoologie et de la paléontologie, il quitte le ROM en 1961 et poursuit ses recherches à l’Université de Toronto.

En 1972, Ken et Catalina, qui vivaient au Mexique, ont répondu à une annonce placée par les Urquhart à propos de la migration des monarques. Le 2 janvier 197, leurs recherches pluriannuelles les ont menés à une forêt de sapins oyamel en montagne. C’est là, parmi les arbres chargés de quelque 60 millions de papillons léthargiques, que se trouvait la demeure hivernale des monarques. Les forêts en montagne sont aujourd’hui protégées par le gouvernement mexicain en tant que réserve de biosphère du papillon monarque, un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Bien que quelques semaines suffisent à un monarque pour atteindre le sud, il a fallu toute une vie à Fred et Norah pour reconstituer cette route migratoire. À la fin de l’été, lorsque vous verrez un papillon monarque siroter du nectar ou voltiger parmi les fleurs, pensez au voyage périlleux qu’il s’apprête à entreprendre.

 

Deuxième

David McKay est attaché de presse principal au ROM.

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