Le plaisir de la capture
La pêche en tant que rituel nous permet de nous connecter à la nature et de créer de nouveaux souvenirs.
Mon meilleur souvenir
Mon meilleur souvenir est le temps passé avec mon père, à écouter les histoires qu'il racontait lorsqu'il pêchait avec son père. Il a ses propres traditions et rituels de pêche, qu'il m'a transmis et que je transmets maintenant aux jeunes générations.
Il y a quelque chose dans le fait de se réveiller avant l'aube, de regarder la brume se lever sur le lac, d'écouter le chant des oiseaux, de sentir l'air frais du matin et de ressentir l'impatience d'aller pêcher. Curieusement, ce même sentiment se manifeste lorsque l'on se retrouve dans une cabane de pêche sur glace par des températures glaciales, ou même lorsque l'on pêche au crépuscule le long d'un rivage parmi des millions de moustiques. Les pêcheurs sont passionnés par leur sport, quelles que soient les circonstances. Cela fait partie du jeu - ne faire qu'un avec la nature et anticiper le frisson de la poursuite.
Je me souviens de mon enfance où j'attendais avec impatience les premières lueurs du jour pour aller pêcher avec mon père. Nous enfilions nos chapeaux et gilets de pêche porte-bonheur, sortions discrètement du chalet et faisions glisser le bateau silencieusement hors de ses amarres jusqu'à nos lieux de pêche préférés. Parfois, nous pêchions le touladi à la traîne avec de grosses cuillères argentées au bout de nos lignes de pêche, dans les eaux profondes où les touladis cherchent leurs proies. Ces truites, ensemencées chaque année jusqu'au début des années 1990 par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts de l'Ontario, étaient amusantes à remonter et constituaient un dîner très savoureux pour la famille. D'autres fois, nous lancions des turluttes et des crankbait dans les rivages rocheux à la recherche d'achigans à petite bouche. Ces poissons avaient été introduits dans le lac, soit par inadvertance, soit intentionnellement, mais ils procuraient une grande excitation à de nombreux pêcheurs. L'achigan à petite bouche aime se nourrir d'écrevisses dans les bas-fonds rocheux. L'imitation de leur proie fait partie du plaisir, tout comme la tentative de les déjouer. Nos cuillères et nos turluttes brillantes pourraient-elles inciter ces prédateurs insaisissables à poursuivre l'appât ? Avec le recul, mon plus beau souvenir est peut-être le temps passé avec mon père, à écouter les histoires qu'il racontait lorsqu'il pêchait avec son père et à apprécier la camaraderie entre père et fille. Il avait ses propres traditions et rituels de pêche, qu'il m'a transmis et que je transmets aujourd'hui aux jeunes générations.
De nombreuses personnes pêchent toute leur vie sans savoir que ce n'est pas le poisson qu'elles recherchent.
En tant que biologiste
En tant que biologiste, j'ai appris à mes enfants à découper les poissons en filets pour les cuisiner, à étudier le contenu des intestins pour comprendre ce que mangent les poissons et à examiner les gonades - de petits œufs granuleux pour les femelles ou un liquide pâle et uniforme pour les mâles. Le comptage des anneaux sur les écailles ou les opercules pour déterminer l'âge du poisson est une activité qui demande un peu plus de travail. Il n'est cependant pas nécessaire d'être en pleine nature pour s'adonner à la pêche. La rive nord-ouest du lac Ontario offre d'excellentes possibilités de pêche. La région du Grand Toronto et de Hamilton (GTHA) offre une grande variété d'habitats pour les poissons et donc une grande diversité d'espèces de poissons à découvrir. Parmi ces habitats, citons les eaux calmes de Grenadier Pond dans High Park, les marigots autour des îles de Toronto, les eaux profondes du lac Ontario et des rivières comme Credit, Humber et Highland Creek. La pêche dans la RGTH peut donner lieu à de nombreuses aventures passionnantes.
Si vous et votre famille êtes novices en la matière, assistez à l'un des événements de pêche familiale de l'Ontario, qui ont lieu plusieurs fois par an. Les cannes à pêche sont souvent offertes aux enfants et les permis de pêche de l'Ontario ne sont pas requis.
Si l'idée d'attraper du poisson ne vous plaît pas, mais que vous souhaitez observer des rivières remplies de gros poissons pendant leur migration, vous pouvez participer à l'un des festivals du saumon du sud de l'Ontario ou vous rendre à la fin de l'été sur une rivière voisine de la région du Grand Toronto. Vous pourrez alors observer des dizaines de milliers de saumons et de truites sauter des rapides et des chutes d'eau en remontant le courant pour frayer. Les saumons atlantiques, quinnats et cohos, ainsi que les truites arc-en-ciel et les truites brunes peuvent être observés depuis le rivage, sans qu'il soit nécessaire de faire un seul lancer !
La RGTH compte environ 75 espèces de poissons, soit près de la moitié de toutes les espèces de poissons que l'on trouve en Ontario. Le lac Ontario et ses cours d'eau ont connu de nombreuses transitions au cours des derniers siècles, notamment des invasions et des extinctions d'espèces. Dans les années 1980, le gouvernement fédéral a désigné le port de Hamilton et le front de mer de Toronto comme zones préoccupantes en raison de la mauvaise qualité de l'eau et de la perte de diversité des espèces, et c'est à partir de là qu'a été lancée une vaste initiative de restauration. Les projets menés par les autorités locales de conservation et les gouvernements provincial et fédéral ont depuis permis d'améliorer la qualité de l'eau, de réduire les contaminants, d'améliorer l'habitat des poissons, d'accroître la diversité des espèces et d'améliorer la santé de la population piscicole. Si vous souhaitez simplement avoir le plaisir d'attraper un poisson mais préférez le relâcher, tant mieux pour la population de poissons.
L'utilisation d'hameçons sans ardillon sur votre canne à pêche et la remise à l'eau des poissons vivants permettront aux espèces de prospérer et de se reproduire. C'est aussi une bonne leçon de conservation. Pour découvrir d'excellentes possibilités de pêche dans votre région, communiquez avec l'office de protection de la nature de votre région à l'adresse suivante : conservationontario.ca.
Lorsque mes enfants étaient jeunes, nous voyagions souvent à travers l'Ontario à la recherche de bons coins de pêche et de nouvelles espèces à attraper. La pêche nous donnait une raison d'explorer notre belle province, d'établir un lien avec la nature et, surtout, de créer des souvenirs et des traditions en famille.
Mary Burridge
Mary Burridge est conservatrice adjointe des poissons au ROM.