Le racisme en boîte
Un objet des collections du ROM attire l'attention sur le rejet des droits des Ojibwés du Wisconsin et montre comment une canette de bière est devenue un symbole d'intolérance.
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À la fin des années 1980, Treaty Beer
À la fin des années 1980, la bière Treaty Beer a été lancée pour susciter un sentiment anti-traité contre les droits d'usufruit des Ojibwés du Wisconsin à pratiquer la pêche au harpon sur les terres cédées.
Surnommée "la haine en canette", la bière Treaty Beer a été lancée en 1987 par le groupe Stop Treaty Abuse (STA), basé dans le Wisconsin, dans le but de collecter des fonds pour soutenir les organisations et les candidats politiques qui font de la propagande pour mettre fin aux traités entre le gouvernement des États-Unis et la nation ojibwée.
Bien que les traités signés entre les Ojibwés et le gouvernement des États-Unis au milieu des années 1800 aient garanti aux Ojibwés le droit de chasser, de pêcher et de cueillir sur les terres cédées, les opposants aux traités considéraient que ces activités n'étaient pas propices à la promotion de l'assimilation. Les opposants aux droits issus des traités estimaient également que les traités donnaient aux Ojibwés un accès inéquitable aux ressources. Ils pensaient que les activités de harcèlement des Ojibwés menaçaient les stocks de poissons (même si les prises totales des Ojibwés étaient relativement faibles) et que les droits issus des traités sapaient l'individualisme et l'égalité des Américains. Une manifestation canadienne de nature similaire est le récent conflit entre les pêcheurs micmacs et les équipes de pêche commerciale en Nouvelle-Écosse concernant les droits de pêche au homard sur le territoire autochtone traditionnel.
Cette controverse a atteint son paroxysme dans les années 1980, lorsque des groupes s'opposant aux droits issus des traités ont soumis les pêcheurs au harpon à des insultes raciales, à des actes de sabotage et à des violences. Le STA est l'un de ces groupes militants qui a organisé des manifestations contre la pêche au harpon des Ojibwés. Bien qu'au bout de six semaines - en réponse à d'éventuels boycotts - le fabricant de bière ait cessé sa production, la bière Treaty Beer était une "voix matérielle" qui s'élevait contre la légitimité des droits issus de traités. Pour les Ojibwés, en revanche, il s'agissait d'un acte de violence à l'encontre de leurs droits légaux, de leurs traditions et de leur identité culturelle.