Pour beaucoup d'entre nous, le mot "intérieur" était synonyme de "camp d'internement".

Une nouvelle peinture ROM de l'artiste nippo-canadien Norman Kiyomitsu Takeuchi se concentre sur la manière dont l'identité est façonnée par l'expérience.

Peinture d'un résident d'un camp d'internement en Colombie-Britannique et de femmes vêtues de kimonos tirées d'une estampe ukiyo-e du XIXe siècle.

Publié

Catégorie

Art et culture

Auteur

Norman Kiyomitsu Takeuchi

Le ROM a récemment acquis une peinture

Le ROM a récemment acquis une peinture de l'artiste nippo-canadien Norman Kiyomitsu Takeuchi. Interior Revisited (2012-2017) faisait partie de l'exposition originale du ROM Being Japanese Canadian : reflections on a broken world (2019). Dans l'œuvre, Takeuchi aborde son expérience des années 1940, lorsque plus de 22 000 Canadiens d'origine japonaise ont été internés en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. En 1988, le gouvernement canadien a présenté ses excuses pour cette injustice, mais pour Takeuchi, le traumatisme de cet événement est resté. C'est devenu un thème sous-jacent dans son travail, alors qu'il cherche à trouver la meilleure façon d'exprimer la complexité de l'identité et des identités. Il nous livre ici ses réflexions sur la création de cette œuvre puissante et poétique.

La nature de l'art signifie que je m'efforce continuellement de créer quelque chose de nouveau. Dans ce processus, je cherche à trouver ce qui n'a pas encore été découvert par le biais de l'expérimentation et de la prise de risque. Au fil du temps, les œuvres et les processus de pensée évoluent. Ce changement progressif peut amener à considérer différemment des travaux déjà réalisés. Interior Revisited en est un exemple. J'avais peint une première version cinq ans plus tôt, en l'intitulant simplement "Intérieur". Elle faisait partie d'une série de tableaux traitant de l'internement des Canadiens d'origine japonaise dans les années 1940, dont j'ai moi-même fait l'expérience dans mon enfance. Pour beaucoup d'entre nous, le mot "intérieur" était synonyme de "camp d'internement" ou simplement de "camp". La question "Où étiez-vous à l'intérieur ?" était - et pour certains l'est toujours - notre façon de nous rapprocher en partageant notre compréhension de cette expérience déracinante.

Interior Revisited illustre ma détermination à transmettre mon histoire et mon identité de Canadien d'origine japonaise à travers mon art. Dans cette peinture, la juxtaposition d'un résident d'un camp d'internement de la Colombie-Britannique et des femmes vêtues de kimonos d'une estampe ukiyo-e du XIXe siècle souligne non seulement mon propre héritage culturel, mais aussi le profilage racial qui était au cœur de mon expérience dans les années 1940.

Tous ces éléments étaient présents lorsque j'ai commencé à travailler sur la série japonaise-canadienne il y a vingt-trois ans, en 1998. À l'époque, les formes abstraites étaient encore plus frappantes : la déconnexion entre l'indéfini et le figuratif se distinguait de manière frappante. Mais en retravaillant Interior, ces formes sont devenues plus nuancées et plus sombres. Les figures du tableau sont ancrées dans le réalisme, mais les formes abstraites inventées, parfois remodelées plusieurs fois jusqu'à ce qu'elles répondent à une sorte de critère indéfini, sont des formes ambivalentes qui expriment ma désorientation quant à la place que j'occupe dans le monde. Ces ambiguïtés accrues sont devenues une métaphore de ma tentative de surmonter cette période traumatisante, donnant lieu à des moments de réflexion intérieure en constante évolution.

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