Un mariage grec
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Le mariage à Athènes il y a 2400 ans
À Athènes, il y a 2400 ans, les cérémonies de mariage étaient très différentes de celles d'aujourd'hui. Le père choisissait le mari de sa fille, qu'elle rencontrait pour la première fois lors de sa nuit de noces. L'événement était célébré sur trois jours, en commençant par la Proaulia, qui marquait le passage de la mariée de l'état d'enfant à celui d'adulte. Le deuxième jour était le Gamos, le jour du mariage proprement dit, où la mariée recevait un bain nuptial, était finement habillée et parée de bijoux, suivi des festivités du mariage. Après le festin, la mariée était dévoilée et son père l'offrait au marié. Les deux parties légitiment leur union, sous le regard des invités. Enfin, les fêtards conduisaient les jeunes mariés dans les rues d'Athènes jusqu'à la maison du marié, leur nouveau foyer. Au cours de l'Epaulia, le troisième jour, parents et amis apportaient des cadeaux au couple. Chaque jour, des sacrifices étaient offerts aux dieux.
Parmi les cadeaux, la mariée chérissait un vase de mariage spécial, appelé lebes gamikos, décoré d'images nuptiales. Le ROM possède un groupe de fragments de poterie peinte à figures rouges provenant d'un lebes gamikos qui présente des scènes de femmes préparant deux mariées pour le grand jour. Ces fragments sont attribués au Peintre laveur, actif à Athènes vers 420 avant notre ère. Ce peintre de vases de mariage accompli a transformé de manière inventive des scènes de mariage conventionnelles en un nouveau dialogue visuel d'images nuptiales offrant plusieurs niveaux de signification.
Galerie 1
L'interprétation de l'imagerie commence
L'interprétation de l'imagerie commence sur le côté droit avec un couple de femmes s'embrassant derrière la mariée assise et couronnée. Il s'agit d'Aphrodite, la déesse de l'amour, à droite, et de sa compagne Paitho, la personnification de la persuasion érotique. Aphrodite regarde Eros, son fils, qui vole au-dessus de la mariée et qu'elle a expédié d'un simple mouvement de l'index. Aphrodite a envoyé Eros, l'amour érotique, à la mariée en guise de cadeau. Paitho, qui regarde directement la mariée, utilisera son pouvoir de persuasion pour éliminer tout doute que la jeune mariée pourrait ressentir au moment où elle entame une nouvelle phase de sa vie.
Debout devant la mariée, la femme qui tient deux coffres joue un double rôle. Non seulement elle offre des bijoux à la mariée, mais le nourrisson perché sur le couvercle du coffret évoque l'enfant mâle que la mariée désire avoir, le cadeau le plus important d'un mariage athénien.
À gauche, une deuxième mariée assise
À gauche, une deuxième mariée assise, tenant une couronne, se fait coiffer et offrir de la nourriture par une autre femme. La tradition veut que la mariée mange quelque chose peu de temps après son entrée dans la maison de son mari. Ce geste signifie qu'elle accepte la tutelle qu'il exerce sur elle. Elle devient ainsi la matrone et la gardienne fidèle du foyer. La femme debout derrière elle tient un kalathos, un panier en forme de cône contenant de la laine, qui fait référence à son rôle et à ses tâches domestiques, comme le tissage de textiles.
En admirant son vase de mariage, la jeune mariée a compris le message. Dans un monde idéal créé par le peintre laveur, où la mariée se mêlait à Aphrodite, Eros et Peitho, elle aurait vu son avenir se dérouler sous ses yeux comme une allégorie, alors qu'elle passait du statut de vierge à celui de mariée, de mère à celui de maîtresse de maison. L'intimité féminine de l'image, avec des femmes se parant, se toilettant, se caressant et échangeant des cadeaux, aurait résonné avec son expérience communautaire actuelle du passage à une nouvelle vie.
Paul Denis
Paul Denis est conservateur adjoint des collections grecques, étrusques, romaines et byzantines au ROM.