Ancienne limule - La découverte d'un fossile canadien fait des vagues
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Communiqué de presse
L'histoire profonde d'un "fossile vivant" remonte à 100 millions d'années.
Peu d'animaux modernes méritent autant le titre de "fossile vivant" que la modeste limule. Apparemment inchangées depuis avant l'ère des dinosaures, ces vénérables créatures marines peuvent désormais se prévaloir d'une histoire qui remonte à près d'un demi-milliard d'années !
Dans un article publié la semaine dernière dans la prestigieuse revue britannique Palaeontology, une équipe de scientifiques canadiens a révélé de nouveaux fossiles rares de limules provenant de roches ordoviciennes vieilles de 445 millions d'années dans le centre et le nord du Manitoba, qui sont environ 100 millions d'années plus anciennes que toutes les formes connues jusqu'à présent. Le paléontologue Dave Rudkin, du Musée royal de l'Ontario, et ses collègues Graham Young, du Musée du Manitoba (Winnipeg), et Godfrey Nowlan, de la Commission géologique du Canada (Calgary), ont donné à ces nouveaux fossiles remarquables le nom scientifique de Lunataspis aurora, qui signifie littéralement "croissant de lune, bouclier de l'aube", en référence à leur forme, à leur âge géologique et à leur site de découverte septentrional. Bien qu'ils soient plus "primitifs" à plusieurs égards que les autres limules connues, leur ressemblance avec des formes vivantes est indéniable.
Les limules fossiles ont été retrouvées au cours d'études de terrain sur d'anciens dépôts marins tropicaux, ce qui constitue un autre lien important avec leurs descendants modernes que l'on trouve aujourd'hui le long des côtes plus chaudes de l'est des États-Unis et de l'océan Indien. Cette découverte est particulièrement importante, explique M. Rudkin. "Comprendre comment les limules se sont très tôt adaptées à cette niche écologique, puis y sont restées contre vents et marées, peut nous donner des indications sur la manière dont les écosystèmes océaniques et littoraux se sont développés au cours des temps profonds."
Aujourd'hui, les littoraux marins du monde entier sont menacés par l'activité humaine, et bien que certaines populations de limules soient en danger, leur longévité enviable sur Terre indique qu'elles ont surmonté avec succès de nombreuses crises antérieures, y compris l'extinction massive qui a entraîné la disparition des dinosaures et de nombreuses autres formes de vie il y a 65 millions d'années.
"Nous devons nous préoccuper des limules et de nombreuses autres formes de vie inhabituelles que l'on trouve sur les rivages marins", a déclaré le Dr Young. "Néanmoins, nous pouvons aussi être légèrement optimistes en pensant que certaines de ces créatures ont fait preuve d'une résistance qui pourrait leur permettre de survivre aux mauvais traitements que nous infligeons à ces environnements".
Les limules vivantes font l'objet d'études approfondies, notamment dans les domaines de l'écologie et de la recherche médicale. La découverte passionnante de ces premiers parents fossiles inhabituels ajoute un nouveau chapitre introductif à leur remarquable histoire.
David Rudkin est conservateur adjoint au département d'histoire naturelle (paléobiologie) du Musée royal de l'Ontario et chargé de cours en paléontologie au département de géologie de l'université de Toronto. Rudkin a rejoint l'ancien département de paléontologie des invertébrés du ROM en 1975 et a commencé à travailler sur les fossiles des schistes de Burgess en Colombie-Britannique.