Comment peser un dinosaure

Musée royal de l'Ontario Michael Lee-Chin Crystal. Entrée de la rue Bloor.

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Communiqué de presse

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Des chercheurs de la University of New England et du Musée royal de l’Ontario jettent un éclairage neuf sur une vieille polémique : le poids des dinosaures

Du plus grand au plus petit : la taille des dinosaures varie immensément au Mésozoïque. Illustration de Vitor Silva

Toronto/Armidale, le 8 septembre 2020 – Comment pèse-t-on un dinosaure disparu depuis longtemps ? Sachez-le : il existe principalement deux méthodes, et aucune n’entraîne l’usage d’une balance ! Pourtant, selon une étude récente, aussi différentes que soient les approches retenues, les résultats s’avèrent étonnamment similaires.

De nouvelles recherches, dont les résultats ont été publiés le 1er septembre dans la prestigieuse revue Biological Reviews, analysent les techniques employées depuis plus d’un siècle pour estimer la masse corporelle des dinosaures.

Selon Nicolás Campione (Ph. D.), responsable de l’étude, les constatations nous permettent de confirmer avec une certaine assurance le tableau brossé par l’être humain sur ces animaux préhistoriques, en particulier les plus colossaux, sans équivalent dans le monde contemporain.

« La taille – la masse corporelle surtout – commande tous les autres aspects ou presque de la vie de l’animal, notamment ce qu’il mange, comment il se reproduit et la façon dont il se déplace », explique M. Campione, du Centre de recherche en paléosciences de la University of New England (Australie).

« Une estimation correcte de la masse corporelle est un point de départ solide à partir duquel on pourra étudier et comprendre la vie du dinosaure, rétrospectivement. »

Évaluer la masse d’un animal aussi emblématique que Tyrannosaurus rex n’est toutefois pas une mince affaire. En effet, ce dinosaure qui a lâché son dernier souffle il y a environ 66 millions d’années ne nous a pratiquement laissé que les os. La difficulté met l’ingéniosité des paléobiologistes à rude épreuve depuis plus d’un siècle. C’est pourquoi le poids du plus gros prédateur terrestre de tous les temps varie tant selon les scientifiques : d’environ trois tonnes à plus de dix-huit.

L’équipe de recherche pilotée par M. Campione a créé une base de données très complète et a analysé les estimations de la masse des dinosaures remontant jusqu’à 1905 dans l’espoir d’établir si les différentes méthodes de calcul peuvent ou non faire avancer la science.

Bien qu’un éventail de techniques ait servi à évaluer la masse corporelle au fil des ans, au bout du compte, il n’y a que deux démarches fondamentales. Soit les scientifiques mesurent les os d’animaux vivants, par exemple, la circonférence de l’humérus ou du fémur, puis comparent les résultats obtenus à ceux des dinosaures par mise à l’échelle, soit ils calculent le volume d’une reconstitution en relief de l’apparence approximative de l’animal de son vivant. La polémique portant sur la « meilleure » technique est au cœur de la littérature.

Les chercheurs ont cependant constaté que, lorsqu’on compare massivement les techniques de mise à l’échelle et de reconstitution, la plupart des estimations concordent. Les écarts semblent l’exception, non pas la règle. « À dire vrai, les deux approches se complètent. Elles ne se contredisent pas », déclare M. Campione.

Mettre un os à l’échelle, technique qui s’appuie sur les liens établis directement avec des animaux vivants dont on connaît la masse corporelle, garantit une certaine exactitude, mais la méthode manque de précision. La reconstitution, en revanche, qui repose sur le squelette entier, nous apporte la précision voulue, mais non l’exactitude, car cette méthode se fonde sur la représentation subjective qu’on se fait d’un animal disparu depuis une éternité. Or, cette représentation a beaucoup évolué avec le temps.

« Notre compréhension des animaux ayant disparu il y a si longtemps comportera toujours un degré d’incertitude, et leur poids en sera toujours une cause », explique David Evans (Ph. D.), titulaire de la chaire James et Louise Temerty en paléontologie des vertébrés (dinosaures) au Musée royal de l’Ontario (ROM) et auteur principal du nouvel article. « Notre étude nous porte à croire que nous réussissons à mieux évaluer le poids des dinosaures. Elle ouvre la voie à des estimations plus réalistes de leur masse corporelle dans l’avenir. »

Les chercheurs recommandent de mieux intégrer les deux techniques dans les futurs travaux visant à estimer la taille de ces animaux du Mésozoïque et d’autres animaux aujourd’hui disparus afin que les résultats s’approchent de la réalité davantage.

Selon MM. Campione et Evans, un T. rex adulte devait peser autour de sept tonnes. Leur estimation est cohérente quand on examine les résultats issus de la reconstitution et de la mise à l’échelle des os des pattes. Leur étude met néanmoins en relief l’imprécision d’une valeur unique et souligne qu’il faut prendre en compte l’incertitude quand on estime la masse, ne serait-ce que parce que les dinosaures, comme les humains, ne sont pas tous calqués sur le même modèle. Le degré d’incertitude laisse croire que le poids moyen du « roi » des dinosaures variait d’un minimum de cinq tonnes à un maximum de dix.

« Ce n’est qu’en combinant ces méthodes et en saisissant correctement leurs limites, ainsi que l’incertitude, qu’on commencera vraiment à comprendre ce qu’était la vie de ces animaux, et d’autres, disparus depuis longtemps », conclut M. Campione.

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