L’avenir des vaccins contre les coronavirus pourrait bien se cacher dans les tissus congelés de chauves-souris
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TORONTO/LONDON (ON), le 10 février 2021 – Comment stopper la prochaine pandémie de coronavirus ? Selon des chercheurs de l’Université Western, la réponse pourrait bien se trouver dans les déjections et les tissus congelés de chauves-souris.
Ces scientifiques sont à la recherche de coronavirus endémiques au chiroptère, mais qui pourraient éventuellement se transmettre à l’être humain. Plutôt que parcourir le monde à la recherche de ces virus, les universitaires se sont alliés aux biologistes du Musée royal de l’Ontario (ROM), qui abrite déjà des milliers d’échantillons congelés de tissus de chauves-souris, glanés un peu partout.
À l’ImPaKT (acronyme d’Imaging Pathogens for Knowledge Translation), installation à la fine pointe de la technologie de l’Université Western, l’équipe espère utiliser les différents types de coronavirus qu’elle aura identifiés pour créer une banque de vaccins prêts pour la prochaine pandémie.
Trois épidémies de coronavirus chez les humains se sont produites au cours des 20 dernières années : celle du SRAS, en 2003, celle du SRMO, au Moyen-Orient, et l’actuelle pandémie de COVID-19, attribuable au SARS-CoV-2. Selon Ryan Troyer (Ph. D.), virologiste à l’École Schulich de médecine et de dentisterie de l’Université Western, ces virus semblent tous apparentés à ceux dont sont porteuses les chauves-souris. Or, notre empiétement croissant des habitats de la faune augmente les risques de transmission.
« Tout ça mis ensemble, on peut raisonnablement prédire qu’un autre coronavirus passera de l’animal à l’être humain, affirme M. Troyer. Notre projet nous préparera à cette éventualité par la production de vaccins contre les coronavirus présents dans la nature, principalement chez les chauves-souris. » Brock Fenton (Ph. D.), spécialiste de la biologie des chiroptères à la même université, participe à la collecte des coronavirus de chauves-souris à partir de diverses sources, dont les déjections. Il savait aussi que le ROM, à deux heures de route à peine, possédait une formidable collection de tissus congelés, y compris ceux de chauves-souris.
Depuis la fin des années 1980, le ROM prélève des tissus de mammifères à l’occasion de ses expéditions sur le terrain. Les échantillons sont ensuite congelés dans de l’azote liquide en prévision d’études en taxonomie et génomique. La collection comprend notamment près de 15 000 spécimens de chauves-souris de 15 familles sur les 21 connues, de 120 genres sur les 220 recensés et de 400 espèces sur les 1 400 répertoriées dans 30 pays. Si on y ajoute les spécimens traditionnels des musées, cela fait de la collection de chauves-souris du ROM une des plus complètes au monde.
« Après maintes années de travail sur le terrain sur les chauves-souris, nous avons amassé une vaste collection d’échantillons de tissus des diverses espèces vivant dans de nombreux pays, dont la Chine », déclare Burton Lim (Ph. D), conservateur adjoint en mammalogie au ROM. Les tissus, initialement congelés à une température de -196 °C, constituent une source précieuse qui nous permettra d’en apprendre davantage sur les virus et de mieux comprendre comment combattre la COVID-19 ainsi que les maladies émergentes qui se propageront dans l’avenir. »
Les scientifiques de l’Université Western examinent les tissus congelés et les déjections de chauves-souris en quête de nouveaux coronavirus dont ils séquenceront le génome afin d’identifier les plus susceptibles de causer des maladies infectieuses chez l’être humain. Ils isoleront ensuit les gènes des spicules à partir desquels seront produits divers vaccins prêts à l’emploi, comme l’a expliqué Stephen Barr (Ph. D.), virologiste à l’École Schulich de médecine et de dentisterie.
« Idéalement, quand le prochain coronavirus fera son apparition dans la population, un survol rapide de notre banque de vaccins nous indiquera lequel aura un effet protecteur en laboratoire », dit-il.
Comme on le fait déjà pour la grippe, le vaccin pourra alors être distribué sitôt que le virus commence à se circuler dans la population. « Imaginez si nous avions eu quelque chose de semblable quand la première éclosion s’est produite à Wuhan, en décembre 2019, conclut M. Troyer. Un vaccin aurait pu être rapidement déployé dans la région avant que la maladie se propage et on aurait pu la stopper avant le stade de la pandémie. »
Image : La collection du ROM réunit des spécimens de chauves-souris des quatre coins de la planète, accumulés au fil de nombreuses décennies. On y trouve des échantillons de tissu déshydratés, préservés dans l’éthanol ou congelés. Ici, Burton Lim, conservateur adjoint en mammalogie au ROM, examine un spécimen de chauve-souris. Photo de Joshua See © Musée royal de l’Ontario
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RENSEIGNEMENTS
Crystal Mackay, agente des relations avec les médias, École Schulich de médecine et de dentisterie, Université Western, 519.933.5944, crystal.mackay@schulich.uwo.ca
David McKay, Communications, Musée royal de l'Ontario, davidm@rom.on.ca