Le mezcal joue un rôle essentiel dans la recherche en biologie sur le terrain : il aide un scientifique à découvrir une sangsue qui se nourrit d'un lamantin.

Une sangsue se nourrissant d'un lamantin a été trouvée à Chiapas, au Mexique.

Le rapport comprend le premier signalement d'une sangsue se nourrissant de sang, Haementeria acuecueyetzin, au Chiapas

Les résultats de l'analyse de l'ADNi d'un spécimen conservé dans du mezcal sont publiés dans le Journal of Parasitology

TORONTO, le 30 août 2016 - Une équipe de chercheurs internationaux, dont Sebastian Kvist, conservateur associé des invertébrés au Musée royal de l'Ontario (ROM), a découvert certaines habitudes et caractéristiques clés d'une espèce de sangsue, telles qu'étudiées sur un spécimen prélevé sur la tête d'un lamantin. Une étude, disponible en ligne dans le Journal of Parasitology, comprend des recherches effectuées par M. Kvist, ainsi que par des collègues de l'American Museum of Natural History et des institutions mexicaines El Colegio de La Frontera Sur, Universidad de Puebla et Universidad Nacional Autonoma de Mexico Instituto de Biologia. La sangsue, prélevée sur la tête d'un lamantin dans son habitat naturel au Chiapas, au Mexique, a été conservée dans le seul liquide disponible au moment de sa collecte - une bouteille de mezcal, auparavant surtout connue pour le "ver" qui se trouve au fond de chaque bouteille.

Pour la première fois, la présence d'une sangsue se nourrissant d'un lamantin a été confirmée. Des sangsues et d'autres organismes ont déjà été trouvés sur des lamantins, mais seuls certains crustacés se sont révélés parasites du mammifère marin. Pour confirmer que la sangsue n'était pas simplement de la partie, les chercheurs ont examiné l'ADNi (ADN ingéré) dans le tube digestif de la sangsue. L'ADN du tube digestif de la sangsue et l'ADN connu du lamantin ont été clairement mis en correspondance par le biais d'un code-barres, une technique utilisée pour identifier les spécimens en comparant les divergences génétiques au sein de marqueurs d'ADN spéciaux des espèces.

Selon l'étude récemment publiée, il s'agit de la première observation de l'espèce de sangsue Haementeria acuecueyetzin dans l'État mexicain du Chiapas. C'est également la première fois que l'ADN d'une espèce conservée dans le mezcal est amplifié avec succès (réplication d'une courte séquence d'ADN en millions de copies pour faciliter l'analyse), à l'exception de la chenille du mezcal elle-même. Bien que le spécimen de sangsue ait été conservé dans du mezcal (qui n'est généralement pas le premier choix pour la conservation des spécimens), l'ADN de la sangsue et du lamantin est resté remarquablement intact.

Bien que de nombreuses personnes considèrent les sangsues comme des nuisances à éviter lors de la baignade, l'ADNi qui en est extrait présente plusieurs avantages potentiels pour la conservation des vertébrés. En analysant le matériel génétique contenu dans l'intestin de la sangsue, on peut estimer la diversité des espèces de vertébrés dans une zone donnée. À l'avenir, il sera peut-être même possible d'identifier les sexes et les individus à partir de ces échantillons de sang. Dans certaines conditions, les sangsues peuvent être collectées facilement et à peu de frais, ce qui est moins coûteux et nécessite moins de travail que les techniques actuellement utilisées pour la recherche sur la conservation des vertébrés. Bien que l'utilisation des sangsues et de leur ADNi pour la conservation des vertébrés doive faire l'objet d'études plus approfondies avant d'être généralisée, cette pratique pourrait constituer un outil efficace pour l'étude de la biodiversité. Ces progrès potentiels ont commencé avec une sangsue et une bouteille de mezcal.

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