Au temps de Rembrandt
Les peintures hollandaises du Musée des beaux-arts de Boston
Date
Emplacement
À propos
Découvrez le Siècle d’or hollandais à travers 70 œuvres de grands maîtres de l’époque dont Rembrandt, Frans Hals, Jan Steen et Jacob van Ruisdael. Qu’il s’agisse de natures mortes minutieuses, de scènes de genre humoristiques, de portraits saisissants, de paysages, de vues urbaines ou architecturales, les œuvres présentées dans l’exposition Au temps de Rembrandt témoignent de la vie au quotidien dans les Provinces-Unies.
Montée par le Musée des beaux-arts de Boston, l’exposition propose un survol fascinant de la peinture hollandaise au 17e siècle, lorsque de nouveaux sujets et styles redéfinissent les genres traditionnels. Après avoir rejeté le joug de l’Espagne catholique en 1585, les Provinces-Unies à majorité protestante proclament leur indépendance, ce qui marque le début de ce qu’on appelle leur « siècle d’or ». Les Pays-Bas deviennent un centre de commerce international et une puissance économique mondiale. Leur économie dynamique privilégie la prospérité de la bourgeoisie dont le goût pour la peinture favorise l’essor du marché de l’art. En plus des scènes religieuses et mythologiques traditionnelles, les artistes représentent des gens ordinaires, des paysages locaux, des vues urbaines, ainsi que d’autres sujets profanes. Ces peintres ont recours à la perspective, l’optique et la science. Leur observation attentive du monde qui les entoure se traduit par certains des tableaux les plus réalistes et les plus fidèles de tous les temps.
Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la présentation à Toronto d’une exposition de cette envergure à être consacrée au Siècle d’or hollandais, une des périodes les plus importantes de production artistique. Au temps de Rembrandt réitère la volonté du ROM de présenter les plus grandes œuvres d’art et de culture et met en valeur la collection des arts décoratifs européens du Musée, qualifiée d’une des plus belles en Amérique du Nord.
Audiodescription
Au temps de Rembrandt : les peintures hollandaises du Musée des beaux-arts de Boston
PREMIER ARRÊT – Bienvenue/Introduction
8.1 - Carte tactile
Bienvenue à l’exposition Au temps de Rembrandt : Les peintures hollandaises du Musée des beaux-arts de Boston. Montée par Mme
Ronni Baer, ancienne conservatrice des peintures européennes du musée de Boston, cette exposition souligne le don extraordinaire de peintures hollandaises de la part de deux familles de collectionneurs. Grâce à ces mécènes, la collection du musée de Boston devient l’une des plus importantes au monde hors des Pays-Bas. Nous sommes ravis de présenter ces oeuvres au public de Toronto.
La borne devant vous comporte une carte tactile des Pays-Bas. Vous remarquerez que les Pays-Bas sont délimités au sud-ouest par la Belgique et à l’est par l’Allemagne. On confond parfois « Pays-Bas » et « Hollande ». En réalité, la Hollande ne représente que deux des douze provinces des Pays-Bas : la Hollande-Septentrionale et la Hollande-Méridionale. Elle regroupe par contre les plus grandes villes du pays, dont Amsterdam, et le gros de la population. C’était le cas aussi au XVIIe siècle, une période connue sous le nom de Siècle d’or hollandais, en raison de la remarquable prospérité et de l’extraordinaire production artistique qu’on y a connues. C’est à cette époque que les peintures présentées dans cette exposition ont été créées.
La géographie des Pays-Bas a joué un rôle important dans l’avènement du Siècle d’or. Comme vous le verrez en passant les doigts sur la carte tactile, environ la moitié du pays est bordée par la mer du Nord, ce qui a contribué à faire des Pays-Bas un pôle majeur de commerce international. Pour replacer les faits dans leur contexte, la guerre de Quatre-Vingts Ans a pris fin officiellement en 1648, libérant ainsi la nouvelle république des Provinces-Unies du joug de l’Espagne. Le monopole du transport maritime des marchandises et des gens ‒ à la fois des personnes réduites en esclavage et des exilés ‒ et l’essor des villes qui en résulte apportent la stabilité économique et, pour beaucoup, une nouvelle richesse.
En cette période d’expansion économique et coloniale rapide, le marché de l’art néerlandais est en plein essor. Plus d’un million de peintures sont alors créées et toutes les familles, sauf les plus pauvres, en possèdent. Les artistes font très jeunes leur apprentissage auprès d’un maître, en général, un homme. Seule une douzaine de femmes accèdent au rang de maître au sein des guildes d’artistes néerlandais. Au prochain arrêt, nous examinerons une oeuvre réalisée par l’une des rares femmes peintres du Siècle d’or hollandais.
Examinons maintenant les peintures de cette section de l’exposition. Le prochain arrêt se trouve juste derrière vous.
DEUXIÈME ARRÊT - Section 1 : Les détails
1.8 - Nature morte aux fleurs, Rachel Ruysch
Les peintures de l’exposition sont regroupées par thème et non par artiste ou par période. Cette section est consacrée aux DÉTAILS, qui permettent de découvrir le sens caché des oeuvres.
Malgré le réalisme apparent de la peinture hollandaise, les artistes allient observation directe et invention. Ils ajoutent de curieux détails qui sont autant d’indices permettant d’approfondir la compréhension de l’oeuvre. Ces tableaux sont destinés à être déchiffrés tel un casse-tête ou une énigme par le spectateur, qui prend grand plaisir à découvrir et à saisir leurs différents niveaux d’interprétation.
Au XVIIe siècle, ces détails révélateurs sont souvent bien connus des Néerlandais, comme les pièces de monnaie et autres signes de richesse qu’on peut associer au péché d’avarice : l’appât du gain et les biens matériels. Les jeux d’enfants, par exemple faire des bulles, pourraient symboliser l’innocence fugace de l’enfance et ses passe-temps fantaisistes. Les vanités ont recours à des motifs tels un crâne, un sablier ou des livres pour évoquer la brièveté de la vie.
Cette peinture s’intitule Nature morte aux fleurs. Les natures mortes représentent des objets, généralement des bols de fruits ou des vases de fleurs, souvent soigneusement assemblés sur des tables somptueuses chargées d’articles courants ou de luxe. Les natures mortes sont très, très prisées durant le Siècle d’or hollandais. Les spectateurs prennent grand plaisir à découvrir le symbolisme suggéré par le choix et l’agencement des objets. Ici, un bouquet en cascade dans un vase en verre est posé sur une table en bois. Les fleurs se découpent nettement sur le fond sombre et dépouillé. Des roses rouges, roses et blanches sont représentées à différentes étapes de leur épanouissement. Des tulipes, dont plusieurs ont des pétales striés de rouge et de blanc ou de jaune et d’orange, ainsi que des lis et des fleurs de pommier se mêlent aux roses. Le bouquet remplit la toile à la manière d’une pyramide. La courbe dominante en forme de « S », une caractéristique de l’oeuvre de Ruysch, est ici décrite par la tige de la tulipe en haut à droite qui est reliée à celle du souci fané, au bas de la toile.
Beautés éphémères, les fleurs symbolisent la brièveté de la vie. En soulignant cette association par la tige brisée du souci, la peintre nous rappelle que la vie est aussi fragile qu’une fleur.
Rachel Ruysch, l’une des rares femmes artistes de son époque à atteindre la célébrité, a vécu de 1664 à 1750. Initiée à la botanique par son père Frederik, un botaniste et anatomiste d’Amsterdam, elle connaît une longue et brillante carrière de peintre. Elle se spécialise dans les natures mortes de fleurs et de fruits, obtenant davantage pour ses peintures que la plupart de ses contemporains de sexe masculin. Elle élèvera dix enfants et continuera de peindre, même octogénaire.
TROISIÈME ARRÊT - Section 2 : Le style
2.5 - Jeune fille mangeant des sucreries, Godfried Schalcken
Cette section présente dix peintures dont le STYLE se différencie par une touche lisse ou une touche grenue, selon la manière dont l’artiste maniait le pinceau.
Deux peintres représentent, entre autres, ces deux styles : Gérard Dou et Frans Hals. Gérard Dou est l’un des peintres les mieux rémunérés du Siècle d’or hollandais. Il adopte un style qualifié de peinture « fine » ou « lisse », caractérisée par de minutieuses petites touches. Ses tableaux de petit format, exécutés avec soin, lui valent renommée et fortune de son vivant. Son style est très prisé, car selon un observateur de l’époque, « il retient longtemps le regard du spectateur, ravissant l’oeil et touchant le coeur ».
Tout à l’opposé se situe l’art de Frans Hals, dont la liberté de trait et la touche large confèrent à ses portraits éclat et immédiateté. Un contemporain a qualifié ses oeuvres tardives de « très vigoureuses et audacieuses, exécutées avec brio et bien agencées. Elles sont agréables et ingénieuses et, vues de loin, semblent animées et ne manquer de rien » .
Cette peinture s’intitule Jeune fille mangeant des sucreries. Il s’agit d’un très petit tableau qui ne mesure, cadre compris, qu’environ 33 x 38 cm. Il représente une adolescente aux yeux foncés et aux cheveux blonds relevés en un chignon rebelle. Elle porte une robe orange aux manches bouffantes ainsi qu’un châle et un tablier satinés de couleur blanche. Elle vient de tremper son doigt dans un bol en argent contenant du sucre ‒ un produit coûteux importé des Antilles ‒ et s’apprête à le porter à sa bouche. Elle regarde directement le spectateur, la langue légèrement sortie. À l’arrière-plan, on aperçoit, par la fenêtre, un bâtiment, un arbre et un ciel bleu ponctué de nuages blancs cotonneux.
Formé auprès de Gérard Dou, Godfried Schalcken adopte un style de peinture encore plus raffiné que celui de son maître. Sa touche est si fine et si lisse qu’il est impossible de distinguer les coups de pinceau. Il en résulte des surfaces aussi polies que des miroirs comme en témoignent l’étoffe chatoyante de la robe, la nappe de velours bleu qui recouvre la table où s’accoude la jeune fille et le sucrier luisant où se reflètent ses doigts.
La soeur cadette de Schalcken, Maria, était aussi une artiste. Elle tient de son frère le style lisse qui la caractérise. C’est elle qui a peint le tableau à gauche, intitulé L’artiste à l’oeuvre dans son atelier. Pendant des décennies, cette peinture a été attribuée à Godfried, jusqu’à ce qu’un nettoyage récent ne révèle la signature de Maria dans le coin supérieur gauche. Ici, une femme aux joues roses sourit au spectateur. Elle porte une blouse de peintre bleue et une jupe mordorée. Une écharpe de dentelle blanche lui couvre la tête et les épaules. Elle est assise dans un fauteuil garni de tissu rouge devant un chevalet sur lequel est posée une toile représentant un paysage dominé par un arbre majestueux avec, en arrière-plan, un ciel bleu. Il n’existe aucune mention de ce paysage dans le corpus d’oeuvres de Maria. L’intégration de cette toile dans son autoportrait reste donc un mystère.
QUATRIÈME ARRÊT - Section 3 : La vue
3.2 - Juda et Tamar, Ferdinand Bol
Toutes les peintures de cette section représentent des épisodes de la Bible ou de l’Antiquité liés à la VUE.
Au XVIIe siècle, l’idée que nos sens déterminent notre compréhension du monde révolutionne la pensée européenne. L’empirisme ‒ théorie qui lie la connaissance à l’expérience sensorielle ‒ stimule les investigations et les découvertes scientifiques chez des esprits comme Galilée, Isaac Newton et Antonie van Leeuwenhoek, un biologiste néerlandais qui met au point le microscope et décrit les micro-organismes.
La vue est considérée comme le plus puissant des sens et les Néerlandais sont fascinés par toutes les formes de représentation visuelle ‒ les cartes géographiques tout autant que les livres et les peintures. Tandis que les scientifiques observent la nature à la loupe, les artistes jouent avec l’optique pour créer des effets réalistes de lumière, d’ombre et de couleur. Les innovations néerlandaises témoignent de ces nouvelles façons de voir, même si les sens se rattachent toujours aux notions chrétiennes traditionnelles de vice et de vertu.
La peinture que vous avez devant vous s’intitule Juda et Tamar. Ferdinand Bol, un peintre qui a vécu de 1616 à 1680, s’est formé dans l’atelier de Rembrandt. Comme de nombreux élèves de Rembrandt, Bol développe un style qui lui est propre et qui se distingue par une touche plus lisse et une palette plus claire que celles de son maître. Cette oeuvre est réalisée assez tôt dans sa carrière, en 1644. Spécialiste des portraits, il deviendra l’un des peintres les plus éminents d’Amsterdam.
Ici, l’artiste évoque un épisode de la Bible. Tamar, épouse et veuve tour à tour des deux premiers fils de Juda, est promise au troisième fils du patriarche, qui ne tient cependant pas sa promesse. Tamar refuse d’accepter son rôle de veuve sans enfant et ourdit un plan pour assurer sa descendance. Elle se déguise en prostituée afin de séduire Juda.
Tamar, assise à droite, est vêtue d’une ample robe blanche au décolleté carré et porte un collier de perles. L’air troublé, elle serre contre sa hanche gauche un bâton et un cordon. Penché vers elle, Juda, un homme barbu plus âgé, porte une robe rouge grenat et un turban doré. Il a posé un bras sur les épaules de la jeune femme et, de sa main droite, lui offre un anneau d’or. Juda scrute le visage de Tamar, mais il ne peut voir ses yeux, dissimulés derrière un voile blanc.
Le paysage sombre et ombragé en arrière-plan incite le spectateur à se concentrer sur les deux protagonistes. Bol nous montre l’instant où la belle Tamar, qui a voilé ses yeux ‒ miroirs de l’âme ‒, dupe Juda en le persuadant de lui offrir son anneau, son cordon et son bâton en guise de paiement. Tamar se servira plus tard de ces objets pour prouver que Juda est le père des jumeaux qu’elle a mis au monde.
CINQUIÈME ARRÊT ‒ Section 4 : Le monde
4.5 - Paysage italianisant avec voyageurs sur un sentier, Jan Both
4.6 - Vue du château de Schwanenburg au crépuscule, Joris van der Hagen
Les Pays-Bas sont situés au niveau de la mer ou même en dessous. L’eau est omniprésente. Rien d’étonnant à ce que le pays soit devenu une grande puissance maritime, à l’avant-garde de la construction navale. Les Néerlandais s’employaient à maximiser le rendement de leurs navires de commerce et leur flotte marchande était protégée par des navires de guerre.
Au XVIIe siècle, les Compagnies néerlandaises des Indes orientales et des Indes occidentales dominent les échanges avec l’Asie et les Amériques. Plus de 3 000 vaisseaux parcourent les mers, établissant des monopoles commerciaux avec des pays tels le Japon et l’Indonésie, et apportant une grande prospérité aux Provinces-Unies. Mais les richesses découlant du commerce mondial ont un coût humain : les Néerlandais tirent avantage du transport aussi bien des personnes réduites en esclavage originaires d’Afrique occidentale et centrale que des produits de luxe et des matières premières.
Même s’ils sont peu nombreux à voyager hors d’Europe, les artistes représentent de plus en plus cette vision élargie du monde. En peignant des terres étrangères et leurs produits, les artistes hollandais témoignent de la primauté de leur pays dans le commerce mondial.
Les peintures réunies dans cette section évoquent le MONDE au-delà des frontières des Pays-Bas.
À gauche, le tableau intitulé Paysage italianisant avec voyageurs sur un sentier a été peint par Jan Both entre 1645 et 1650. Alors qu’il vit à Rome à la fin des années 1630, Both commence à peindre des vues imaginaires inspirées de la campagne italienne, dont cette oeuvre. On voit à gauche une montagne rocheuse couverte de broussailles et traversée par une petite chute d’eau. L’artiste utilise une touche lisse et multiplie les détails réalistes. Les montagnes s’étirent vers l’horizon tandis qu’à droite, un sentier peuplé de voyageurs serpente vers le spectateur. Un homme vêtu d’un manteau bleu est monté sur l’un des deux ânes chargés de ballots, tandis que trois autres voyageurs se reposent en bordure de route. Les paysages de Both, qui baignent dans une lumière dorée, permettent aux Néerlandais de découvrir l’Italie sans quitter le confort de leur foyer.
L’oeuvre à droite intitulée Vue du château de Schwanenburg au crépuscule a été peinte par Joris van der Hagen dans les années 1660. Grand voyageur, Van der Hagen est particulièrement attiré par la campagne vallonnée à la frontière entre l’Allemagne et les Pays-Bas. Il réalise durant ses voyages des dessins détaillés qui lui serviront de modèles. Ici, le château de Schwanenburg à Clèves, en Allemagne, se dresse majestueusement à gauche, se découpant sur les nuages roses de la tombée du jour. À droite, la basse vallée et le boisé servent d’arrière-plan sombre aux vaches et aux moutons en train de brouter qui sont éclairés par les reflets subtils de la lumière dans l’eau, au centre de la composition.
SIXIÈME ARRÊT ‒ Section 5 : Les paysages
8.3 - Borne tactile de motifs hollandais
Cette borne comporte des reproductions en relief de quelques motifs emblématiques des paysages du Siècle d’or hollandais.
Au XVIIe siècle, le paysage est le sujet préféré des artistes néerlandais, qui représentent sur la toile la topographie locale ainsi que les effets des différentes conditions météorologiques et des jeux de lumière. Comme le gros de la population néerlandaise est concentré dans les villes, ces paysages offrent aux citadins un aperçu agréable de la vie rurale.
Les paysages d’hiver, appelés wintertjes en néerlandais, sont très prisés par les artistes et les collectionneurs. Aux XVIe et XVIIe siècles, il fait plus froid qu’aujourd’hui en Europe, si bien qu’on qualifie cette période de « petit âge glaciaire ». Le climat plus rigoureux fait suffisamment geler les canaux et les rivières pour qu’on puisse y patiner, y pratiquer des sports et s’y rassembler, comme on le voit dans ces deux peintures.
La peinture intitulée Paysage d’hiver avec deux moulins à vent a été réalisée par Jacob van Ruisdael vers 1675. Malgré ses petites
dimensions ‒ environ 60 centimètres carrés, cadre compris ‒, ce tableau donne une impression d’immensité. Un barrage en bois traverse une rivière gelée, qui occupe presque toute la surface de la toile. Cette rivière gelée, au centre de la composition, est d’ailleurs l’un des motifs en relief reproduits sur la borne tactile. Sur la rive droite se dressent deux bâtiments aux toits pointus, couverts de neige, ainsi qu’un grand moulin à vent. Un autre moulin est visible à l’arrière-plan. Vous pouvez passer votre main sur les toits et le moulin de la borne.
L’horizon bas et l’immense ciel nuageux créent une impression d’espace. Les couleurs sourdes de l’hiver sont animées par un coin de ciel bleu au centre et par la lumière faible du soleil qui éclaire les joueurs de kolf ‒ l’ancêtre du sport que nous appelons « golf » ‒ et quelques patineurs. Sur la borne, vous pouvez toucher les joueurs de kolf et les patineurs, ainsi que l’un des arbres dénudés qui bordent la rive. Ces arbres évoquent la rigueur de l’hiver néerlandais.
SEPTIÈME ARRÊT ‒ Section 6 : La ville
6.2 - Vue de Haarlem, Jacob van Ruisdael
Les oeuvres de cette section représentent des villes où les artistes néerlandais ont vécu ou qu’ils ont peintes, ou encore des bâtiments que des commanditaires voulaient immortaliser. Si ces représentations semblent réalistes, nombre de bâtiments ont été modifiés pour des raisons artistiques. Il s’agit bien souvent de vues idéalisées. En outre, ces peintures font abstraction de la pauvreté et de la puanteur associées à un milieu urbain en pleine croissance.
Ce tableau intitulé Vue de Haarlem a été peint par Jacob van Ruisdael, qui a également réalisé le paysage que nous avons examiné dans la section précédente. Van Ruisdael est considéré comme l’un des plus grands paysagistes du Siècle d’or. Ses paysages comportent souvent un élément dramatique, habituellement des effets de ciels nuageux. C’est le cas de cette vue de Haarlem, ville natale du peintre. Le ciel bleu chargé de nuages occupe les deux tiers de la composition, tandis que des champs s’étendent au premier plan. Le paysage est ponctué à droite par deux bâtiments et par des gens qui regardent à l’horizon, où se profile l’église Saint-Bavon.
Van Ruisdael a commencé à peindre des panoramas de Haarlem dans les années 1660, reconnaissables à la silhouette de l’église Saint-Bavon au loin. Cette oeuvre, peinte entre 1670 et 1675, ne montre pas la ville depuis le nord-ouest, mais plutôt depuis le sud-ouest, telle qu’elle devait apparaître à partir des dunes proches de la ville de Heemstede.
La peinture à droite intitulée elle aussi Vue de Haarlem a été exécutée vers la même époque par Gerrit Berckheyde, spécialiste des paysages et monuments urbains. Berckheyde livre ici une vue plus rapprochée de la ville, mais il la dissimule derrière un mur qui court de gauche à droite au milieu du tableau. Seul le haut des bâtiments est visible. Devant le mur, un homme conduit deux vaches dans un champ et des gens se promènent au bord d’un lac.
HUITIÈME ARRÊT ‒ Section 7 : Les portraits/Conclusion
7.5 - Reverend Johannes Elison et 7.6 Maria Bockenolle, Rembrandt
La dernière section de l’exposition est consacrée aux PORTRAITS.
Les portraits sont le gagne-pain des artistes du Siècle d’or. Selon des estimations récentes, les artistes néerlandais réalisent au XVIIe siècle entre 750 000 et 1,1 million de portraits. Un grand nombre de ces oeuvres sont commandées pour marquer des événements importants comme un mariage ou la naissance d’un enfant. D’autres se veulent un témoignage de l’apparence et du rang social du modèle. Beaucoup de peintres de grand talent offrent leurs services à la bourgeoisie en plein essor.
Voici ce qu’écrit l’artiste et théoricien de l’art Carel van Mander dans son ouvrage intitulé Le Livre des peintres, publié en 1604 : « La peinture des portraits d’après nature constitue pour les jeunes artistes de notre pays la principale occasion de se produire. Ce motif, joint aux avantages matériels que procurent les oeuvres de l’espèce, amène plusieurs d’entre eux à se faire exclusivement portraitistes ».
Rembrandt est le portraitiste néerlandais le plus célèbre et le plus respecté. Bien qu’il ait réalisé des paysages et même une nature morte, c’est le portrait qui a fait sa renommée. Il est réputé pour ses compositions dramatiques, sa parfaite maîtrise du clair-obscur, sa touche libre ainsi que son talent inouï pour faire ressortir la personnalité de ses modèles. Le peintre a également exécuté des dizaines d’autoportraits qui nous le présentent tel qu’il se voyait à différents moments de sa vie remarquable.
Le portrait du révérend Johannes Elison, ministre de l’Église réformée néerlandaise à Norwich en Angleterre, est présenté ici avec celui de sa femme, Maria Bockenolle. Ils portent tous les deux une longue robe noire à fraise blanche et fixent le spectateur. La femme, dont la robe s’orne également de manchettes en dentelle blanche, porte un chapeau noir à larges bords par-dessus la coiffe blanche traditionnelle des Néerlandaises. Le révérend porte quant à lui une calotte noire. Il est assis à côté d’une table couverte de livres et de documents.
Les portraits en pied, grandeur nature, comme ceux-ci sont habituellement associés à la royauté ou à la noblesse, car ils coûtent beaucoup plus cher que les portraits en buste, plus courants. Le fait que le fils du couple, un riche marchand, ait commandé ces imposants tableaux au portraitiste le plus éminent d’Amsterdam, en dit long sur ses aspirations sociales. On ne connaît aujourd’hui que deux autres paires de portraits en pied de la main de Rembrandt.
C’est ici que s’achève notre visite de l’exposition Au temps de Rembrandt : Les peintures hollandaises du Musée des beaux-arts de Boston. Nous avons été ravis de vous présenter quelques oeuvres datant du Siècle d’or hollandais. Nous espérons que votre visite vous a plu et que nous aurons bientôt le plaisir de vous accueillir de nouveau au Musée.