Les momies égyptiennes
Vies du passé. Nouvelles découvertes.
Date
À propos
Découvrez-les. Découvrez leur vie.
Les momies exercent sur nous une fascination de longue date. Découvrez les secrets de six momies de l’Égypte ancienne en visitant cette exposition captivante provenant du British Museum. Grâce aux technologies de pointe, retracez la vie de ces habitants du Nil et voyez ce qui leur est arrivé après leur mort.
Les momies égyptiennes : Vies du passé. Nouvelles découvertes. présente sous un jour inédit six momies datant de 900 avant notre ère (AEC) à 180 de notre ère (EC), dont la fille d’un prêtre, une chanteuse de temple et un jeune enfant. En mettant à profit la tomodensitométrie (technique d'imagerie), la reconstitution numérique et les recherches récentes, cette exposition offre un aperçu saisissant de ces personnes ayant vécu il y a si longtemps. Chaque momie a une histoire à nous raconter.
Visite audio descriptive
Audioguide de l’exposition Les momies égyptiennes : Vies du passé.
Nouvelles découvertes
1er arrêt : Bienvenue
Bienvenue à l’exposition Les momies égyptiennes : Vies du passé. Nouvelles découvertes. Cette exposition organisée par le British Museum met en lumière les recherches extraordinaires portant sur la vie de six momies. Grâce à des techniques non invasives telles que la tomodensitométrie, une technique d’imagerie, le British Museum a pu créer un portrait nuancé de la vie dans l’Égypte ancienne pendant un millénaire. Nous sommes très heureux de présenter les fruits de ces recherches au Musée royal de l’Ontario et de les partager avec vous.
Veuillez noter que vous verrez dans cette exposition des momies et des images numériques de restes humains provenant du British Museum. Le ROM possède et conserve aussi des restes humains afin d’enrichir nos connaissances sur les civilisations anciennes. Quand nous prenons la décision d’exposer des restes humains, notre unique but est de permettre au public de mieux comprendre le mode de vie de ces peuples et la façon dont ils prenaient soin de leurs morts. Nous ne le faisons toujours qu’avec l’appui des communautés ou des pays d’origine.
Cet audioguide vous fera découvrir la vie des six personnes qui sont au cœur de l’exposition. Nous explorerons aussi d’autres thèmes en rapport avec la vie quotidienne dans l’Égypte antique, dont le travail, la santé, les loisirs et le régime alimentaire. Cette confrontation entre le monde moderne et l’Antiquité vous permettra d’établir des liens étonnants.
Vous êtes accueillis à l’entrée de l’exposition par deux projections du dieu Anubis, une divinité importante de l’Égypte ancienne. Anubis est représenté sous une forme humaine, mais avec une tête de chacal. Le chacal est un animal sauvage de la même famille que le loup, le coyote et le chien. Les anciens Égyptiens associaient le chacal à l’au-delà, car ils le voyaient souvent dans les cimetières.
Une image du Nil, le plus long fleuve du monde, se trouve sous vos pieds. Depuis toujours, le Nil joue un rôle extrêmement important en Égypte. Ses eaux et le sol fertile de ses rives permettent à la vie de fleurir au milieu du désert.
La maquette en bois d’une barque funéraire est exposée au fond du passage. L’embarcation aux couleurs vives a environ la longueur d’un bras d’adulte. Les jaunes et les verts sont toujours éclatants, même un millénaire plus tard. La barque transporte trois personnages, qui entourent une minuscule momie, étendue sur un lit funéraire. Les deux femmes, à chaque extrémité du lit, représentent les déesses Isis et Nephthys, sœurs d’Osiris, le dieu de l’au-delà. L’homme, assis à l’une des extrémités de la barque, pourrait être un prêtre, car il lit les formules rituelles qui ont aidé le défunt à accéder à la vie éternelle. Cette maquette représente le voyage du défunt vers la tombe et, symboliquement, vers l’au-delà.
C’est ici que commence votre voyage. Vous découvrirez d’abord la momie de Nestaoudjat, une femme qui a vécu en Égypte il y a près de trois mille ans. Vous verrez dans la section suivante comment les chercheurs reconstituent la vie d’une personne qui a vécu il y a si longtemps.
2e arrêt : Nestaoudjat : une femme mariée de Thèbes
Trois grands cercueils sont exposés ici. La vitrine à votre gauche présente le corps momifié de Nestaoudjat. Cette femme de la haute société est décédée environ sept cents ans avant notre ère. Les autres vitrines contiennent son cercueil extérieur, son cercueil intermédiaire et son cercueil intérieur. Comme des poupées russes, ils s’emboîtent les uns dans les autres. Le cercueil était l’un des objets les plus importants du matériel funéraire. Symbole de la renaissance dans l’au-delà, il était censé protéger le défunt par le pouvoir de la magie. Ici, on a représenté sur le cercueil intérieur le visage d’une femme qui regarde vers le haut. Ses yeux sont soulignés par un large trait de khôl. Sur le devant du cercueil figure la déesse Nout, qui déploie ses ailes sur toute la largeur du cercueil.
Nestaoudjat est un nom féminin, mais le personnel du British Museum s’est longtemps demandé si ces cercueils contenaient effectivement les restes d’une femme. Dans les années soixante, des radiographies donnaient plutôt à penser qu’il s’agissait d’un homme. La tomodensitométrie a toutefois permis aux chercheurs de découvrir la vérité. L’examen du bassin et des hanches, effectué sans retirer les bandelettes, a confirmé le sexe de la momie. D’après l’usure des articulations du bassin, le décès est survenu quand la femme avait entre 35 et 49 ans. Un âge qui peut nous sembler plutôt jeune, mais qui équivalait à une longue vie dans l’Égypte ancienne.
Les chercheurs ont également constaté l’excellent état de conservation de la momie, ce qui témoigne des soins minutieux apportés durant la momification, une pratique au cœur des croyances funéraires égyptiennes.
Si les anciens Égyptiens accordaient autant d’importance à la momification, c’est parce qu’ils croyaient que le corps momifié servait de domicile aux trois composantes spirituelles du défunt : le ka ou double spirituel de la personne, qui demeure dans la tombe avec le défunt; le ba, un oiseau à tête humaine, qui a la faculté de se déplacer partout librement; enfin, l’akh qui représente l’esprit transfiguré, qui entre dans l’au-delà. Ces trois manifestations de l’âme pouvaient se perdre si le corps se décomposait naturellement.
Pour préserver le corps, des prêtres appelés embaumeurs retiraient la plupart des viscères après la mort. Ils pratiquaient une petite ouverture dans le nez du défunt afin d’extraire le cerveau. Ils faisaient ensuite sécher le corps pendant environ 35 jours en ajoutant un sel naturel appelé natron. Enfin, ils enveloppaient le défunt dans plusieurs couches de tissu. À certains endroits, les bandelettes qui entourent Nestaoudjat ont environ 5 centimètres d’épaisseur.
L’embaumement avait à la fois une fonction pratique et une dimension spirituelle. Les Égyptiens croyaient en effet que l’embaumement se déroulait sous le regard d’une puissance divine : Anubis, le dieu à tête de chacal qui vous a accueilli à l’entrée. Vous en saurez plus sur cette divinité au prochain arrêt.
3e arrêt : Anubis et l’embaumement
Dans la religion des anciens Égyptiens, Anubis est à la fois le protecteur des lieux d’inhumation et l’inventeur de l’embaumement. Selon la légende, c’est lui qui a accompli la première momification sur le corps du dieu Osiris, celui-ci devenant alors le Seigneur de l’au-delà. Durant l’embaumement, les prêtres étaient censés incarner l’esprit d’Anubis. Certains d’entre eux portaient peut-être même des masques de chacal pendant la momification.
Le chacal est un proche cousin du loup, du coyote et du chien. Les Égyptiens associaient Anubis à l’au-delà, car ils voyaient souvent des chacals errer dans les cimetières.
Dans la nature, le chacal possède dans l’ensemble un pelage roux, mais gris foncé sur le dos. Dans l’art égyptien, cependant, la couleur d’Anubis est le noir, symbole de la renaissance. Cette association est liée au Nil. Lors des crues du fleuve, le sol des berges devenait noir, enrichissant les terres agricoles et marquant le début de la saison des cultures. Il était donc naturel que le dieu qui aidait les défunts à accéder à l’immortalité ‒ autrement dit, à la renaissance spirituelle ‒ soit lui aussi de couleur noire.
Une statuette d’Anubis est exposée tout près. Cette petite sculpture en métal, réalisée entre 664 et 332 avant notre ère, mesure environ 10 centimètres, soit la longueur d’un index. Elle est presque toute noire, sauf au niveau des yeux qui, incrustés d’or, jettent un vif éclat.
Dans la section suivante, vous ferez la connaissance d’une chanteuse de temple. Cette femme était vouée au culte du dieu Amon, dont le clergé était immensément puissant et influent.
4e arrêt : Tamout : chanteuse d’Amon
Tamout était chanteuse au temple de Karnak, le plus important complexe religieux de la ville de Thèbes. Avec son père, un prêtre appelé Khonsoumose, elle faisait partie du personnel chargé du culte d’Amon, le dieu le plus puissant d’Égypte. Amon signifie « celui qui est caché ». Tamout et son père participaient tous les deux aux rituels accomplis dans le temple.
À l’époque de Tamout, le culte d’Amon était répandu dans toute l’Égypte. Le temple de Karnak était gigantesque ; on peut d’ailleurs constater, d’après ses ruines, que c’était un des plus grands complexes religieux au monde. Karnak exerçait une telle influence que ses grands prêtres ont même contesté l’autorité royale à certaines périodes.
La momie de Tamout est recouverte d’un cartonnage, une technique semblable au papier mâché. Les artisans utilisaient du lin, du plâtre et de la colle pour créer une enveloppe extérieure dure destinée à protéger la momie. Un artiste a peint sur le cartonnage de Tamout des scènes religieuses très colorées. L’une de ces images, sur le devant, représente Horus, le dieu à tête de faucon, en train de conduire Tamout vers un groupe d’autres divinités. Parmi elles se trouvent Osiris ainsi que ses sœurs Isis et Nephthys. Les couleurs sont toujours vives, même si le cartonnage a près de trois mille ans.
Les chercheurs croient que, tout comme Nestaoudjat (la première momie que nous avons vue), Tamout avait entre 35 et 49 ans au moment de son décès. L’usure de ses articulations nous indique son âge.
La tomodensitométrie a aussi révélé que Tamout souffrait de maladies dentaires et d’athérosclérose, c’est-à-dire de la présence de plaques dans les artères. Ces plaques peuvent être à l’origine de problèmes cardiaques tels que l’infarctus ou l’AVC. De nos jours, les maladies cardiovasculaires sont considérées comme la première cause de décès dans les pays développés. Des momies comme celle de Tamout montrent que cette maladie est beaucoup plus ancienne qu’on ne le croyait.
Cet examen d’imagerie de Tamout nous a fourni une foule d’informations sur l’état de santé des anciens Égyptiens. L’équipe de chercheurs du British Museum a également découvert des choses fascinantes qui nous aident à mieux comprendre les pratiques culturelles entourant la mort dans l’Égypte ancienne et, en particulier, les rituels magiques. Pour en savoir plus, poursuivez votre visite.
5e arrêt : Les amulettes
La momie de Tamout nous offre un excellent aperçu des maladies dans l’Égypte antique. Sous ses bandelettes se trouvent aussi des objets très révélateurs des pratiques culturelles ‒ et magiques ‒ entourant les soins apportés aux défunts.
La tomodensitométrie a révélé que le corps de Tamout est couvert d’amulettes et d’autres objets protecteurs dont les pouvoirs magiques protégeaient la défunte et l’aidaient à accéder à l’immortalité. Les amulettes pouvaient avoir différentes formes, y compris divines ou animales. Par ailleurs, l’amulette ne tirait pas uniquement son pouvoir de sa forme : la couleur, le matériau utilisé dans sa fabrication ou encore les formules magiques nécessaires pour l’activer entraient aussi en jeu.
Tamout porte autour du cou une amulette qui a la forme d’une figure féminine agenouillée aux ailes déployées. Il s’agit sans doute de Nout, déesse du ciel et mère éternelle des défunts.
On a placé sur l’un des seins de Tamout une amulette du dieu-soleil Rê-Horakhty. Le dieu prend la forme d’un faucon, un gros oiseau de la famille des rapaces. Les artistes représentaient souvent, sur les couvercles de cercueil, cette divinité qui symbolise le renouveau de la vie grâce au pouvoir du soleil.
Une amulette en forme de vautour a été placée sur le pubis de Tamout. Cet animal représente souvent les déesses Nekhbet et Mout, associées à la naissance et à la renaissance.
Des épaules à l’estomac, d’étroites lanières de cuir appelées bretelles ou « étole » ont été passées autour du cou de Tamout et se croisent sur sa poitrine. L’étole était considérée comme un attribut des dieux ; en fait, Osiris est souvent représenté portant ce type d’ornement. Ici, l’étole était sans doute destinée à conférer à Tamout un statut divin.
Des amulettes très courantes dans l’Égypte ancienne sont exposées tout près : le pilier-djed, le scarabée de cœur et l’œil oudjat. De petite taille, elles tiendraient toutes dans la paume de la main.
Le pilier-djed symbolisait la stabilité et l’endurance. Orné de quatre barres horizontales au sommet, il fait référence à Osiris – le dieu de la mort – et à sa colonne vertébrale. Le Livre des Morts égyptien, un recueil de formules magiques destinées à guider le défunt dans son voyage dans l’au-delà, contient d’ailleurs une référence au pilier-djed : « Redresse-toi, Osiris ! Tu as ton dos… »
L’amulette en forme de scarabée portant une inscription tirée du chapitre 30B du Livre des Morts était une des plus importantes dans l’Égypte ancienne : « Ô mon cœur, Ô mon cœur de ma mère, viscère de mon cœur de mes différents âges, ne te lève pas contre moi en témoignage, ne t’oppose pas à moi dans le tribunal, ne montre pas d’hostilité contre moi en présence du gardien de la balance. » Les Égyptiens croyaient que cette incantation pouvait empêcher le cœur de révéler les méfaits du défunt au moment d’être jugé par Osiris.
L’œil oudjat, ou Œil d’Horus, était l’une des amulettes les plus populaires. Selon la légende, le dieu Horus avait perdu l’œil droit au cours d’une bataille, mais son œil s’est reconstitué plus tard par le pouvoir de la magie.
L’œil oudjat est devenu un symbole d’intégrité, il représente le fait d’être complet. Les Égyptiens croyaient qu’il protégeait du mal celle ou celui qui le portait. Les lignes sous les yeux font référence aux marques autour de l’œil du faucon, oiseau symbolisant Horus. Les embaumeurs qui ont préparé le corps de Tamout en vue de sa momification ont placé sur les incisions pratiquées dans son abdomen deux plaques ornées d’un œil oudjat, un symbole protecteur censé guérir la plaie.
Dans la section suivante, vous découvrirez un prêtre qui nous apprend bien des choses sur l’hygiène dentaire dans l’Égypte ancienne.
6e arrêt : Irthorrou, prêtre d’Akhmim
Nous voici maintenant devant la momie et le cercueil d’Irthorrou. Les chercheurs croient que cet homme avait entre 35 et 49 ans au moment de sa mort.
Le prêtre Irthorrou vivait à Akhmim, une ville située au bord du Nil. Dans l’Égypte ancienne, la plupart des prêtres ne servaient qu’un mois sur quatre. Le reste du temps, ils accomplissaient des tâches à l’extérieur du temple ou servaient dans un autre sanctuaire. Ils pouvaient en effet relever de plusieurs temples en même temps. La prêtrise était prestigieuse et lucrative : les prêtres se partageaient sans doute les offrandes quotidiennes après les avoir présentées aux dieux. À l’époque d’Irthorrou, la plupart des charges étaient héréditaires et beaucoup de membres de sa famille ont été prêtres.
Un artiste a peint différentes scènes sur le cercueil d’Irthorrou. Le prêtre y est d’ailleurs représenté plusieurs fois. Dans une scène, Irthorrou, toujours vivant, est présenté aux divinités de l’au-delà par Thot, le dieu de la sagesse, de la magie, de l’écriture et de la lune. Au-dessous de cette scène, gît la momie d’Irthorrou. Son ba, sous la forme d’un oiseau à tête humaine, plane au-dessus du corps, signe qu’il peut voyager entre l’au-delà et le monde des vivants.
Le visage d’Irthorrou est recouvert d’un masque doré se terminant par une barbe postiche, ce qui donne au défunt le visage idéal de l’éternité. L’or symbolisait effectivement la chair des dieux. Ce type de masque recouvrait normalement toute la tête, mais la tomodensitométrie a révélé que ce masque ne couvre que le visage. Il s’agit d’une pratique de momification inhabituelle pour l’époque.
L’examen d’imagerie a aussi permis de découvrir qu’Irthorrou avait une très mauvaise hygiène dentaire. On a observé en effet plusieurs lésions. Il s’agit sans doute d’abcès, c’est-à-dire d’infections remplies de pus qui devaient être très douloureuses.
Pourquoi Irthorrou avait-il une si mauvaise hygiène dentaire ? Les recherches effectuées par le British Museum pourraient nous donner certains indices. L’analyse de la composition de 30 miches de pain de la collection du musée britannique a permis de découvrir beaucoup d’ingrédients surprenants que l’être humain est incapable de digérer : des petites pierres, du sable et même de la balle de céréale. Ils auraient pu causer l’importante usure observée dans la dentition de certaines momies égyptiennes. Les bactéries présentes dans la bouche pénètrent alors dans la chambre pulpaire, au centre de la dent, et causent une infection.
Dans la section suivante, nous nous intéresserons à la chevelure. De nos jours, les cheveux revêtent beaucoup d’importance et bien des significations. Ce qui était déjà vrai il y a des milliers d’années, dans l’Égypte ancienne.
7e arrêt : Une chanteuse de temple de Thèbes
Le nombre de pièces mises au jour montre bien l’importance des poils et des cheveux dans l’Égypte ancienne. Les hommes s’épilaient habituellement le visage. Les deux sexes se servaient de pinces à épiler pour se débarrasser des poils indésirables.
Les cheveux pouvaient aussi avoir un caractère symbolique. Le style de coiffure et la longueur des cheveux pouvaient indiquer l’âge, le sexe et le rang social.
Nous ne connaissons pas le nom de cette femme, mais, d’après l’inscription sur son cartonnage, elle était prêtresse. Elle faisait peut-être partie de la haute société. Selon la tomodensitométrie, les chercheurs ont constaté que ses cheveux étaient très courts, ce qui pourrait indiquer qu’elle portait une perruque lors d’occasions spéciales. Les hommes et les femmes de haut rang portaient, sur leurs cheveux courts ou leur crâne rasé, de complexes perruques faites de cheveux humains. Ces marques de prestige dissimulaient la calvitie tout en éloignant les poux, un fléau courant dans les sociétés antiques.
Cette prêtresse vivait à Thèbes vers l’an 800 avant notre ère et servait probablement au temple de Karnak. La tomodensitométrie montre qu’elle avait sans doute entre 35 et 49 ans à son décès.
Un artiste a décoré le cartonnage de scènes aux couleurs vives destinées à assurer la protection des dieux. Il a peint au niveau de la poitrine un faucon à tête de bélier vert ainsi qu’un cercle rouge symbolisant le dieu soleil Rê au moment où il se lève à l’aube.
L’examen d’imagerie a révélé que les embaumeurs ont placé sous les bandelettes plusieurs amulettes différentes, dont une en forme de chevet. Le chevet, ou appui-tête, a la forme d’un « u » et repose sur une haute base. Le Livre des Morts explique les fonctions magiques de cet objet : il soulevait la tête du défunt, tout comme le dieu soleil se lève à l’est chaque matin, et était censé protéger contre la décapitation.
D’après la tomodensitométrie, la défunte souffrait de plusieurs maladies dentaires comme le prêtre Irthorrou, dans la section précédente. Aliment de base dans toutes les couches de la société, le pain contenait des éléments abrasifs qui ont peut-être aussi abîmé la dentition de notre prêtresse.
D’après nos connaissances sur la vie religieuse des Égyptiens, il est probable que notre prêtresse jouait d’instruments de musique lors des cérémonies. Rendez-vous dans la section suivante pour en savoir plus sur la musique dans l’Égypte ancienne.
8e arrêt : Instruments de musique
La musique jouait un rôle important dans la vie des Égyptiens. Des musiciens sont représentés dans différentes formes d’art, dont la peinture et la sculpture. Nous possédons aussi de nombreux instruments de musique anciens : divers types de tambours et de hochets, des flûtes et des instruments à cordes comme des luths et des harpes. Ces instruments nous donnent une idée générale des sons produits, mais non des mélodies et des chants précis, puisqu’aucun exemple d’arrangement n’a été conservé.
Le dieu Bès, protecteur du foyer et de la famille, était associé à la musique. Les artistes le représentaient habituellement en train de danser ou de jouer du tambourin, tout en tirant la langue afin de repousser les forces du mal.
La section suivante porte sur le symbolisme de la famille dans l’Égypte ancienne. La momie d’un enfant mort en bas âge à l’époque romaine repose dans une alcôve. Différents objets qui témoignent de l’importance de la cellule familiale et de l’enfance sont exposés à l’extérieur de l’alcôve.
9e arrêt : Un enfant d’Hawara
Nous connaissons mal les croyances des anciens Égyptiens au sujet de la vie des enfants dans l’au-delà. Peu d’enfants avaient droit à une inhumation élaborée, peut-être parce qu’ils mourraient souvent en bas âge. Cependant, à l’époque romaine, entre l’an 30 avant notre ère et l’an 640 de notre ère, la momification des enfants a connu une nette augmentation. Les chercheurs ont trouvé de nombreux enfants momifiés sur différents lieux d’inhumation.
Durant la période gréco-romaine, les habitants de la ville d’Arsinoé inhumaient leurs chers disparus dans la nécropole d’Hawara. Certaines tombes contiennent souvent plusieurs corps. Ce jeune garçon a été découvert parmi d’autres momies, dont celles d’une femme et de deux enfants. Nous ne savons pas s’ils faisaient partie de la même famille.
La tomodensitométrie a confirmé que ce garçon avait environ deux ans à sa mort. Sa colonne vertébrale et ses côtes ont été endommagées, peut-être durant l’embaumement. Le corps a été enveloppé dans de nombreuses couches de bandelettes. Le masque en cartonnage, doré et joliment décoré, laisse supposer que l’enfant était issu d’une famille riche. Des scènes traditionnelles figurent sur le cartonnage, par exemple, un prêtre (ou peut-être l’enfant lui-même) en train d’accomplir des rituels et de présenter des offrandes aux dieux. Une scène peinte au revers du masque représente l’enfant purifié dans des eaux régénératrices par les dieux Horus et Thot. Les deux divinités ont un corps humain, mais Horus a une tête de faucon et Thot, une tête d’ibis, un oiseau au bec long et pointu.
Élément essentiel de la vie dans l’Égypte antique, la cellule familiale est souvent évoquée par les artistes et les sculpteurs. La famille idéale était constituée du père, de la mère et d’un enfant. Cette triade se voit dans l’art religieux. Ainsi, beaucoup d’œuvres représentent Osiris et Isis ensemble, en compagnie de leur fils Horus.
Cet enfant est mort durant le premier siècle de la domination romaine en Égypte. Les traditions funéraires sont demeurées les mêmes dans ce pays jusqu’à environ l’an 300 de notre ère. Mais de nouvelles pratiques ont aussi vu le jour. La dernière section vous présentera cette évolution, lorsque l’Égypte ancienne entrait dans une nouvelle ère.
10e arrêt : Un jeune homme ayant vécu en Égypte romaine et conclusion
Les Égyptiens ont continué de momifier leurs morts à l’époque romaine, mais les techniques et les styles ont évolué au fil du temps. L’une des principales innovations est l’utilisation d’un panneau de bois peint représentant le défunt tel qu’il était de son vivant, ce qu’on appelle un « portrait de momie ». Malgré ces changements, l’objectif principal des pratiques funéraires est resté le même : aider le défunt à renaître dans l’au-delà à l’instar d’Osiris.
D’après la tomodensitométrie, le squelette de ce jeune homme avait quasiment terminé sa croissance ; le décès est donc survenu entre 17 et 20 ans. Sur son portrait, le jeune homme a des cheveux noirs bouclés, des sourcils épais, de grands yeux expressifs et il est imberbe. L’examen a aussi révélé qu’il faisait de l’embonpoint et qu’il avait beaucoup de caries, peut-être en raison d’un régime alimentaire riche en sucres et en féculents. Le linceul recouvrant le corps est dépourvu de décoration, ce qui est inhabituel. En effet, à cette époque, la plupart des momies étaient recouvertes d’un linceul décoré de scènes funéraires élaborées ou avaient des bandelettes entrecroisées aux motifs complexes.
Nous arrivons à la fin de l’exposition. Avant de partir, prenez quelques minutes pour voir le petit film présenté à la sortie. Vous verrez que l’étude de l’Égypte ancienne a beaucoup progressé depuis le 19e siècle. Si les radiographies réalisées dans les années soixante, au 20e siècle, ont percé certains secrets, les données fournies par la tomodensitométrie ébahiraient les premiers égyptologues. L’évolution de la technologie nous aide à répondre à des questions que nous pensions insolubles. Ce qui nous amène à nous demander ce que découvriront les chercheurs de demain. Comment en arriverons-nous à mieux comprendre la vie et la mort dans l’Égypte ancienne ? Que pouvons-nous encore apprendre sur ces personnes enveloppées dans leurs bandelettes ? Et à quoi pourrait ressembler une exposition sur l’Égypte dans 20 ans ?
Nous espérons que vous avez apprécié votre visite de l’exposition Les momies égyptiennes : Vies du passé. Nouvelles découvertes. Si vous souhaitez passer plus de temps sur ce sujet, visitez au 3e étage les salles du ROM qui sont consacrées à l’Égypte ancienne, ainsi que notre exposition de portraits de momies.
Partenaires et sponsors
Une exposition présentée en collaboration par le British Museum et le Musée royal de l’Ontario.